Recruter un alternant : avantages, coûts et aides à connaître
L’alternance offre un pacte intéressant pour les deux parties : côté alternant, l’assurance d’une expérience professionnelle conséquente ; côté entreprise, la possibilité de former dans la durée un futur collaborateur. Ainsi, plus de 837 000 contrats d’apprentissage ont été signés en 2022, d’après le portail de l’alternance. Si vous voulez recruter un alternant pour la rentrée 2023, c’est maintenant que vous devez vous intéresser aux conditions et aux possibilités. Découvrez les avantages, le coût, les aides à l’alternance, ainsi que les bonnes pratiques pour réussir.
Les conditions pour recruter un alternant
L’alternance est ouverte à toute entreprise privée, quel que soit son secteur d'activité ou son statut juridique. Même un micro-entrepreneur peut recruter un alternant !
Elle prend la forme :
● d’un contrat d'apprentissage d’une durée de 1 à 3 ans, destiné aux jeunes de moins de 30 ans ;
● d’un contrat de professionnalisation d’une durée de 6 à 12 mois (exceptionnellement jusqu’à 24 mois), destiné aux jeunes de moins de 26 ans (ou de tout âge s’ils sont demandeurs d’emploi).
L’activité de l’entreprise doit avoir un lien avec la qualification préparée par l’étudiant. Ce dernier alterne des périodes de formation théorique et des périodes de travail dans l’entreprise, selon des rythmes variables.
En outre, l’entreprise a l’obligation de dédier un maître d’apprentissage ou un tuteur à ses alternants. Cette personne doit être en mesure d’apporter un savoir-faire professionnel de manière pédagogique. En complément, il veille au bon déroulement de la période d’alternance dans l’entreprise. Le choix du maître d’apprentissage ou du tuteur est une des clés de la réussite d’un projet d’alternance !
Pourquoi recruter un alternant : tous les avantages
L’alternance offre de nombreux avantages au jeune mais aussi à l’entreprise : renforcer son équipe rapidement, transmettre son savoir-faire, acquérir des nouvelles compétences à un coût maîtrisé.
Renforcer ses équipes avec un profil junior et motivé
Très souvent, après avoir formé pendant 2 ans l’alternant, l’entreprise lui propose un CDI (contrat à durée indéterminée). C’est donc une excellente source de recrutement, en ayant la possibilité de tester sur le long terme la motivation du jeune et sa capacité à s’intégrer dans l’entreprise.
En effet, le partage de la culture d’entreprise, avec ses valeurs et ses processus, est un élément essentiel. Au-delà de la transmission d’un savoir-faire, le jeune acquiert également le savoir-être dans votre entreprise.
Le gain d’image pour l’entreprise est fort : accepter un alternant, c’est aussi une démarche citoyenne de transmission aux jeunes générations.
Acquérir des compétences spécifiques et actualisées
Dans son école, l’alternant bénéficie sans doute de nouvelles méthodologies ou de nouvelles technologies. Il peut ainsi les partager avec l’entreprise et challenger les pratiques des salariés les plus anciens. Apporter l’énergie de la jeunesse apporte un souffle d’innovation souvent bienvenu.
Cela peut renforcer la créativité et l’efficacité, à travers des pratiques liées aux nouvelles technologies, à l’IA (intelligence artificielle), etc.
Réduire les coûts
En échange de sa formation pratique et de son engagement, l’entreprise bénéficie d'aides comme nous allons le voir. En complément, si un contrat de travail en CDI intervient après la période d’alternance, les RH (ressources humaines) économisent le coût du recrutement et de l’onboarding*.
Comment recruter un alternant en pratique ? La bonne stratégie de recrutement
L’entreprise peut entretenir des relations privilégiées avec des écoles spécifiques ou le CFA (centre de formation des apprentis), au fil des années. Vos collaborateurs seront souvent sollicités par leurs anciennes formations.
L’entreprise peut aussi publier une annonce :
● sur son site web et ses réseaux sociaux, en particulier LinkedIn,
● sur les sites généraux de recherche d’emploi (APEC, Indeed, Keljob, Monster, Welcome to the Jungle, etc.)
● sur les sites spécialisés comme le Portail de l’apprentissage, la plateforme mise en place par le gouvernement La bonne alternance, le site de L’Étudiant ou encore celui de l’association Walt,
● sur les bourses d’emploi régionales,
● sur les sites spécialisés par secteur d’activité (hôtellerie-restauration, industrie technologique ou pharmaceutique, etc.).
Les candidats passent un processus de recrutement complet. En effet, l’alternance n’est pas un stage de 3 mois ! L’engagement se réalise dans la durée. Les RH doivent énoncer clairement les missions, les responsabilités et les perspectives pour recruter le meilleur talent.
Une fois le candidat choisi, l'employeur doit impérativement :
● Établir le contrat de travail (formulaire Cerfa FA13 pour un contrat d’apprentissage et Cerfa EJ20 pour un contrat de professionnalisation).
● Le transmettre à l’OPCO (opérateur de compétences) dans les 5 jours suivant sa signature, qui statuera sur la prise en charge financière de l’alternance dans les 20 jours. L’absence de réponse vaut acceptation.
● Respecter les formalités d’embauche habituelles.
Les coûts liés au recrutement d'un alternant
La rémunération de l’alternant
Le salaire de l'alternant est fixé en pourcentage du SMIC en fonction de l’âge et du stade de formation atteint.
La rémunération est comprise entre :
● 27 % et 67 % du SMIC pour un contrat d’apprentissage d’un jeune entre 16 et 20 ans ;
● 70 % et 80 % du SMIC pour un contrat de professionnalisation d’un jeune entre 21 et 25 ans.
Au-delà de 26 ans, le jeune doit être payé au SMIC a minima.
Vérifiez vos conventions collectives et accords de branche. Certains textes peuvent prévoir des conditions plus favorables.
Les cotisations sociales de l’alternant
La faible rémunération allouée à l’alternant bénéficie de la réduction générale des cotisations patronale renforcée. Ce dispositif, anciennement connu sous le nom de réduction Fillon sur les bas salaires, constitue une réduction dégressive de cotisations patronales de Sécurité sociale.
L’alternant bénéficie d’une exonération de cotisations sociales salariales jusqu’à 79 % du SMIC et d’une exonération d’impôt sur le revenu jusqu’à un SMIC. En outre, les prélèvements sociaux de CSG et CRDS ne sont pas dus sur la rémunération de l'alternant.
Le coût de formation de l’alternant
En général, le coût de la formation est pris en charge par l’OPCO, qui reçoit les taxes d’apprentissage obligatoires et les contributions à la formation professionnelle de la part des entreprises privées.
Seul reste à la charge de l’étudiant éventuellement une participation au matériel scolaire.
Le coût de gestion de l’alternance
Au-delà de la rémunération, recruter un alternant coûte du temps à l’employeur :
● les heures dédiées au tutorat par un salarié choisi,
● les heures de gestion administrative et de suivi de l’alternance au niveau des RH.
Les aides et subventions disponibles pour les entreprises
Il existe de nombreuses aides à l’embauche spécifiques pour les contrats d'apprentissage et de professionnalisation.
Quelles aides pour un contrat d’apprentissage ?
En 2023, une aide exceptionnelle est attribuée pour la première année de contrat d’apprentissage. Son montant atteint 6 000 euros au maximum, versé par l’ASP (agence de services et de paiement). Elle concerne le recrutement d’un alternant, majeur ou mineur.
Les entreprises de moins de 250 salariés doivent recruter un alternant préparant un diplôme jusqu’au master (soit bac + 5 ou niveau 7 RNCP - Répertoire National de la Certification Professionnelle).
Les entreprises de plus de 250 salariés doivent, en complément, s’engager sur un seuil de contrats d’alternance ou d’insertion professionnelle d’ici fin 2024 pour bénéficier de l'aide.
Bon à savoir
En 2019, l’aide unique au recrutement d’apprenti (AUEA) a remplacé plusieurs aides différentes comme le crédit d’impôt apprentissage, l’aide TPE aux apprentis, l’aide au recrutement d’un apprenti supplémentaire, la prime régionale TPE. Depuis le 1er janvier 2023, l’AUEA fait place à l’aide exceptionnelle aux employeurs d’apprentis, limitée à la seule première année.
Quelles aides pour un contrat de professionnalisation ?
Une aide exceptionnelle à l’embauche d’un montant maximum de 6 000 euros est également prévue pour les contrats de professionnalisation signés avec un jeune de moins de 29 ans.
Le contrat de professionnalisation doit viser un diplôme de niveau 7 ou équivalent, un CQP (certificat de qualification professionnelle) ou un contrat expérimental prévu par la loi du 5 septembre 2018.
Les autres aides
Il est possible de cumuler ces aides avec d’autres dispositifs comme les aides des collectivités territoriales : régions, département ou communes.
En outre, il existe des dispositifs pour recruter un apprenti en situation de handicap. Par exemple, un contrat de professionnalisation peut durer jusqu’à 3 ans pour un bénéficiaire de l’allocation aux adultes handicapés (AAH). Des aides spécifiques liées à l’aménagement de l’espace de travail, à l’accueil ou à l'adaptation du poste de travail peuvent trouver un financement grâce à l’Agefiph (Association pour la gestion des fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées).
Enfin, le FNE-formation est un dispositif dédié à la formation des salariés en activité partielle (de longue durée ou non) ou employés dans une entreprise en difficulté, en mutation ou en reprise d’activité. L’objectif est de favoriser la poursuite de l’activité professionnelle des salariés et de les former à de nouvelles pratiques, liées à l’évolution technique de la production.
Au final, recruter un alternant s’avère souvent une solution positive pour l’entreprise. Que ce soit pour son image, pour son efficacité ou pour sa participation citoyenne, elle peut former un jeune à ses pratiques et, pourquoi pas, le recruter après son alternance. C’est donc un mode de recrutement à part entière qui nécessite une réflexion en amont sur les objectifs et le profil des alternants.
*intégration d’un nouveau collaborateur