Emploi : de plus en plus de jeunes diplômés se mettent à leur compte
Portée par l'essor du statut de micro-entrepreneur, la proportion de jeunes qui ont choisi d'être indépendants en début de carrière a plus que doublé en vingt ans. Et il s'agit de plus en plus souvent de diplomés niveau bac +5.
Même s'ils restent encore minoritaires à choisir cette voie, les jeunes entrants sur le marché du travail qui se mettent à leur compte sont de plus en plus nombreux. C'est l'un des enseignements qui ressort de l'édition 2025 de la grande étude quinquennale de l'Insee sur les indépendants publiée ce mercredi et qui met en relief la diversification des formes d'emploi depuis les années 2000.
Agriculteurs, maçons, chauffeurs livreurs, artisans ou encore avocats… l'étude rappelle que 4,4 millions de personnes travaillaient fin 2022 comme indépendants - vocable sous lequel sont rangées les personnes sans contrat de travail ni de lien de subordination juridique vis-à-vis d'un donneur d'ordre. Soit un peu plus d'un emploi sur huit (13 %). Sur ce total, 4 millions étaient non salariés, à titre principal ou en complément d'une activité salariée.
L'essor des microentrepreneurs
Hors agriculture, les effectifs de cette « sous-population » ont grossi de 1,5 million de personnes entre 2008 et 2022 (+72 %), sous l'effet de l'engouement pour le statut de micro-entrepreneur (ex-autoentrepreneur) qui a porté l'intégralité de la hausse. Les effectifs des non-salariés « classiques », parmi lesquels on trouve les artisans notamment, ont reculé de 12 %.
Et les jeunes dans tout cela ? En 2023, 5 % de ceux qui avaient terminé leurs études initiales depuis un à quatre ans occupaient un emploi avec un statut d'indépendant comme activité principale. Soit 7 % de tous les jeunes en emploi, contre 3 % en 2003, souligne l'Insee, l'essor du statut de microentrepreneur expliquant, là encore, ce doublement.
Bien que l'entrée sur le marché du travail par un emploi d'indépendant soit un phénomène relativement peu fréquent pour les jeunes, elle a plus que doublé en vingt ans […]. A ces deux périodes, le contexte conjoncturel de leur entrée sur le marché du travail est pourtant équivalent, avec un taux d'emploi des jeunes sortants proche (76 % en 2003, 74 % en 2023) , indique l'Insee. Avec d'importantes évolutions dans les métiers exercés, et donc des profils, au fil du temps.
Ainsi, un quart de ces jeunes indépendants exerçaient une profession libérale, contre 18 % en 2007. De manière liée, 49 % avaient décroché un diplôme de niveau bac +5 ou au-delà, contre 28 % de ceux qui se sont insérés sur le marché du travail quinze ans plus tôt. En 2023, les jeunes indépendants étaient aussi parmi les plus diplômés de leur cohorte de sortie de formation. Précisément, la part des bac +5 est 1,5 fois plus élevée que celle de leurs homologues salariés.
Reproduction sociale
La proportion des jeunes indépendants qui ont opté pour des professions intermédiaires de la santé ou du travail social, comme les kinésithérapeutes, a également fortement progressé depuis 2007. A l'inverse, celle de ceux qui se sont lancés dans l'artisanat ou le commerce a fortement décliné sur la période étudiée.
Ces évolutions ne sont pas étrangères à un phénomène de reproduction sociale. Les jeunes indépendants sont plus souvent issus d'une famille favorisée que ceux qui ont opté pour le salariat. Compter un ou deux parents à leur compte peut aussi favoriser l'esprit d'entreprise
« Ce qui est déterminant n'est pas tant d'hériter de l'affaire familiale que de bénéficier d'autres héritages, tels que du soutien économique, des compétences professionnelles et managériales, ou encore du réseau familial », souligne l'étude.
4.030 Euros
Le revenu d'activité moyen des non-salariés classiques (2022, source Insee).
670 Euros
Celui des microentrepreneurs, soit six fois moins.
Par Alain Ruello. Publié le 21 mai 2025.