10/07/2023
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Améliorer la gestion de votre trésorerie : des leviers d’optimisation pour votre entreprise

Éviter d’être à découvert pour limiter ses frais bancaires, maintenir son solde positif pour payer ses charges et avoir du pouvoir d’achat. Ces principes applicables aux particuliers sont transposables en entreprise. Cet exercice de gestion de trésorerie est toutefois plus subtil, en raison du volume des flux financiers et du caractère relativement imprévisible des recettes. Pour sécuriser les finances de votre entreprise, et assurer sa pérennité, il est important de vous équiper de bons outils et d’adopter des méthodes efficaces de gestion.

Qu’est-ce que la gestion de trésorerie ?

La trésorerie d’une entreprise est l’argent dont elle dispose effectivement, dans ses caisses et en banque, à un moment déterminé. Or les mouvements financiers sont fréquents, et un décaissement suffit à bouleverser l’équilibre. C’est là qu’intervient la gestion de trésorerie.

La gestion de la trésorerie consiste à :
•    Surveiller attentivement les liquidités disponibles.
•    Prévoir au plus juste les encaissements et les décaissements.

L’objectif a minima : s’assurer que l’entreprise dispose toujours des sommes d’argent suffisantes pour payer ses charges au moment où elles sont exigibles.

Quels sont les enjeux de la gestion de trésorerie en entreprise ?

Surveiller la trésorerie et anticiper les flux est essentiel pour la survie de l’entreprise. Elle doit en effet payer des salaires et des impôts, acheter du stock, régler son loyer, rembourser un emprunt… Quelles que soient ses charges, l’entreprise doit avoir de l’argent pour faire face aux échéances prévues.

Idéalement, l’entreprise dispose d’un excédent de trésorerie. En tant que dirigeant, vous pouvez ainsi décider de réaliser des investissements stratégiques pour le développement de l’activité. Il peut s’agir de recruter, d’acheter de nouveaux équipements ou encore de déployer des outils technologiques plus performants.

La bonne gestion de la trésorerie améliore en outre l’image de marque de votre entreprise. Vous êtes en mesure de présenter des indicateurs de performance qui rassurent les éventuels partenaires, vous prouvez que vous êtes bon gestionnaire des finances. C’est un atout si vous envisagez une levée de fonds, par exemple.

À titre subsidiaire, bien gérer sa trésorerie offre un avantage d’ordre psychologique. La trésorerie est saine, vous êtes serein.

Quels sont les risques en cas de mauvaise gestion ?

Le défaut de trésorerie, dans le scénario le plus pessimiste, peut entraîner la faillite de l’entreprise. Sans aller jusque-là, un solde de trésorerie négatif est préjudiciable. Une entreprise en mauvaise santé financière, en effet, doit avoir recours à des solutions de financement, aux issues coûteuses à divers égards.

•    Le recours au découvert ou à un prêt de trésorerie coûte de l’argent en agios ou en intérêts.
•    Les apports en capital réalisés par vos associés ou des investisseurs risquent de vous faire perdre le contrôle de l’entreprise.
•    Les apports en compte courant sont une alternative attractive. Mais au moment de mobiliser vos fonds personnels, vous devez envisager le risque de ne pas être remboursé.

Quelles sont les subtilités de la gestion de trésorerie en entreprise ?

Spontanément, un dirigeant a tendance à se fier à des éléments comptables pour apprécier la santé financière de son entreprise. Pourtant, constater un gros volume de ventes et un bon bilan ne suffit pas. Illustrations :

•    Avoir de nombreux clients fidèles ne garantit pas le maintien d’une trésorerie saine. À défaut de rentabilité, en effet, l’entreprise risque de se trouver déficitaire à moyen terme.

•    Une entreprise qui facture des montants élevés observe de bons chiffres. Mais en cas de retards de paiement, elle risque de subir un décalage de trésorerie : elle a payé son fournisseur, elle n’a pas encaissé son client.

Pour éviter de mauvaises surprises, il est essentiel d’assurer un suivi régulier de la trésorerie, et d’anticiper avec justesse et précision les mouvements financiers.

Quelles méthodes adopter pour sécuriser sa trésorerie ?

 #1 Établir un prévisionnel fiable

Le budget prévisionnel est à la base de la gestion de trésorerie. Ce document liste les dépenses et les recettes prévues pour un exercice social. En soustrayant les dépenses aux recettes, le résultat doit être nul ou positif. Vous vous assurez ainsi que votre entreprise dispose toujours d’assez d’argent pour payer ce qu’elle doit. En cas d’excédent, vous connaissez la somme disponible pour réaliser des investissements sans mettre en péril votre entreprise.

Dresser un état réaliste des dépenses est relativement aisé. Vous connaissez le montant de vos charges, et vous pouvez vous baser sur des devis pour anticiper de nouveaux coûts. Les recettes sont plus difficiles à évaluer, car elles sont directement liées à vos ventes. Or le volume de ventes annuel est difficilement prévisible.

 5 bonnes pratiques pour établir un budget au plus juste :

•    Se fonder sur la moyenne des chiffres de vente des années précédentes. C’est un bon indicateur pour anticiper vos ventes à venir.

•    Établir, aux côtés du prévisionnel réaliste, un scénario pessimiste pour anticiper une éventuelle baisse des ventes. Par prudence, vous ne faites pas d’investissements qui ne sont pas prévus dans ce scénario pessimiste, au risque de manquer de trésorerie.

•    De même, faire un scénario optimiste : en cas de hausse des ventes, il faut prévoir des dépenses supplémentaires en stock et en logistique. Tenir compte de ces dépenses supplémentaires est essentiel pour éviter un décalage de trésorerie.

•    Inclure dans le budget une somme dédiée aux dépenses imprévues.

•    Tenir compte du contexte temporel. L’évolution des mœurs modifie les tendances, et impacte le budget sur une année déterminée. Exemple : en cas d’inflation, le coût des matières premières augmente, ce qui impacte votre trésorerie.

Établir un budget prévisionnel fiable et vous y tenir permet de sécuriser la trésorerie de l’entreprise. Diminuer vos dépenses et augmenter vos recettes vous permet d’accroître votre niveau de trésorerie.

#2 Optimiser ses encaissements

Il ne s’agit pas uniquement de vendre plus. Optimiser ses encaissements consiste aussi à réduire les délais de paiement des clients, et à surveiller la rentabilité de l’offre.

Réduire les délais de paiement

Les délais de paiement sont majoritairement en cause en cas de problème de trésorerie. Selon un rapport de la Banque de France, les retards de paiement entraînent un manque à gagner de 12 milliards d’euros de trésorerie chez les PME françaises. C’est un frein au développement, et les prémices d’éventuelles difficultés financières.

Encaisser rapidement vos clients vous sécurise : vous disposez plus rapidement de l’argent, et vous limitez les risques d’impayés. Il s’agit à cet effet d’adopter les bonnes pratiques de recouvrement des créances clients :

•    Mettre en place un processus de relance efficace : envoyer la facture sans tarder, imposer un délai de paiement bref, prévenir le client quelques jours avant l’échéance, et remercier le client pour son paiement. Vous encaissez aux dates prévues, votre trésorerie est saine.

•    Communiquer sur les indemnités forfaitaires et les intérêts en cas de retard de paiement, pour inciter les clients à payer dans les délais.

•    Rester en contact étroit avec les clients, pour détecter à temps les anomalies de paiement et trouver des solutions à l’amiable en vue de préserver les relations commerciales.

•    Offrir des remises aux clients fidèles et bons payeurs.

•    Faciliter et accélérer les encaissements en mettant à disposition des moyens de règlement pratiques pour les clients. Exemple : envoyer la facture par e-mail, avec un lien de redirection vers une plateforme sécurisée de paiement en ligne.

•    Analyser le risque client, et envisager de rompre les relations commerciales avec les mauvais payeurs. Les impayés représentent un risque important en matière de trésorerie.

•    Impliquer les commerciaux dans le processus, car ils sont au plus proche de la clientèle.

En cas de difficultés, une entreprise peut envisager l’affacturage. Cela consiste à céder ses créances clients à une entreprise spécialisée dans le recouvrement. Cette solution néanmoins a un coût.

Augmenter sa rentabilité

Le coût de production des produits ou des services doit être évidemment inférieur au prix de vente. À défaut, l’entreprise ne réalise pas de marge : l’activité n’est pas rentable. La trésorerie se dégrade alors progressivement.

Si le prix de vente a été mal évalué, ou si les coûts de production augmentent, vous pouvez augmenter vos prix de vente. Pour éviter de perdre votre clientèle, il est important que la hausse de prix soit raisonnable. Il faut en outre prévenir les clients, et leur expliquer les raisons du changement.

Si la hausse des prix de vente n’est pas envisageable, l’alternative consiste à faire baisser ses coûts de production. Le travail doit alors être réalisé du côté des fournisseurs, au niveau des décaissements.

#3 Optimiser ses décaissements

Optimiser ses décaissements consiste à réduire ses dépenses, mais aussi à payer aux moments opportuns. C’est ainsi qu’une entreprise maintient une trésorerie saine à tout instant.

Plusieurs méthodes sont envisageables à cet effet :

•    Négocier les prix avec vos fournisseurs, ou faire jouer la concurrence, permet d’obtenir des tarifs inférieurs.

•    Négocier des délais de paiement permet d’éviter des décalages de trésorerie. Si vos clients vous payent à 30 jours, par exemple, payer vos fournisseurs à 30 ou 45 jours est sécurisant.

•    La gestion de la trésorerie est étroitement liée à la gestion des stocks. Il est important d’évaluer avec justesse les prévisions de vente, pour limiter les coûts de stockage et éviter le « stock dormant ». Ce stock représente en effet un manque à gagner en termes de trésorerie.

Zoom sur la culture cash (ou culture financière)

Il est important de sensibiliser tous les collaborateurs sur toutes les démarches engagées au sein de l’entreprise pour optimiser la trésorerie de cette dernière. On parle alors de « culture cash ». 
D’autant plus que tous les collaborateurs sont concernés par la trésorerie : une entreprise qui dispose d’une trésorerie élevée peut faire des investissements, auquel cas l’activité se développe et les salaires augmentent potentiellement.
En déplacement professionnel, un collaborateur sensibilisé à la culture cash, limitera, par exemple ses notes de frais.

Comment faciliter la gestion de la trésorerie ?

Les services d’un expert-comptable

Recourir aux services d’un expert-comptable n’est pas obligatoire. En pratique néanmoins, cela s’avère recommandé. Déléguer votre comptabilité allège votre travail, pour vous dégager du temps à consacrer à des tâches stratégiques. Vous vous assurez en outre de respecter vos obligations comptables et fiscales, le risque d’erreur – et de sanctions – est évité.

Au-delà de la gestion comptable, un expert-comptable est d’une aide précieuse pour la bonne gestion de votre trésorerie.

•    Vous pouvez lui confier l’établissement de votre budget prévisionnel. Sur cette base, il est en mesure de suivre attentivement vos encaissements et vos décaissements. En cas d’anomalie, vous êtes alerté à temps et vous pouvez réagir.

•    Besoin en fonds de roulement, amortissements, résultat net… ces notions techniques ne vous sont pas nécessairement familières. L’expert-comptable, dont c’est le métier, enrichit votre prévisionnel grâce à ces éléments, pour améliorer la gestion de trésorerie sur le long terme.

•    En tant que professionnel des chiffres, l’expert-comptable est compétent pour vous conseiller sur vos dépenses. Il peut ainsi identifier les frais inutiles et les dépenses qui peuvent être réduites.

•    Certains cabinets proposent de prendre en charge le recouvrement des créances clients, et la gestion des impayés. Vous vous assurez ainsi d’encaisser tous vos clients, pour maintenir une trésorerie saine.

Les outils d’Intelligence Artificielle

Des logiciels sont spécialement développés pour aider les entrepreneurs à gérer leur trésorerie. Ces outils dotés d’intelligence artificielle offrent des fonctionnalités avancées. Illustrations :

•    Un tableau de bord à jour en temps réel, pour comparer les dépenses et les recettes effectives avec les données du budget prévisionnel.

•    Des systèmes de notifications automatiques, pour vous alerter en cas d’anomalie : un retard de paiement ou une dépense imprévue, par exemple.

•    Des scénarios personnalisés de recouvrement, pour encaisser plus favorablement vos clients.

•    Le calcul et l’analyse des indicateurs de gestion de trésorerie, pour vous améliorer en continu.

•    La synchronisation bancaire, pour surveiller la santé de vos comptes depuis une plateforme unique.

Pour bien choisir votre logiciel de gestion de trésorerie, il faut vérifier qu’il est adapté à vos effectifs, à vos besoins et à votre budget. La plupart des éditeurs proposent un essai gratuit, pour vous familiariser à l’usage de l’outil et vérifier que vous êtes en mesure de l’utiliser efficacement.

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