05/08/2020
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Fixer le montant de sa levée de fonds

Comment calculer le montant de sa première levée de fonds ? Combien demander aux investisseurs ? Faut-il viser haut dès le départ ? Trois créateurs d’entreprise racontent leur expérience et livrent leurs conseils.

1/ Entourez-vous de professionnels

Valorisation, burn-cash, série A, Seed… Lever des fonds n’a rien d’une sinécure pour les entrepreneurs débutants. « Je ne connaissais rien à cet univers, j’étais totalement novice sur les éléments à prendre en compte pour calculer mes besoins financiers. J’ai préféré faire appel à un leveur de fonds qui m’a accompagné. À la clé : un gain de temps énorme, des business angels ciblés et un montant réaliste de capitaux à mobiliser » explique Julien Ramponneau, fondateur de Braderie.Pro, une marketplace de vente et d’achat de matériel entre professionnels qui vient de finaliser une augmentation de capital de 800 000 euros. Certes, un leveur de fonds prend un pourcentage sur le montant levé (entre 5 et 7 %) mais son recours évite bien des erreurs. « Il m’a aidé à fixer le bon montant d’argent. Sans lui, j’aurais demandé moins » poursuit l’entrepreneur lyonnais.

2/ Racontez une belle histoire avec des objectifs chiffrés

Le montant d’une levée de fonds ne se définit pas au hasard mais en fonction d’objectifs chiffrés. Les business angels, tout comme les fonds, veulent en effet savoir où ils investissent leur argent et avec quels résultats à la sortie. Il est donc important de les rassurer mais aussi de leur donner envie avec une feuille de route prometteuse. Florie Ducamps Albert et Prune Aubry, créatrices de Jolies Culottes, une marque de lingerie bio, se sont pliées à cet exercice avant d’aller frapper à la porte des investisseurs. « Sans moyens, ni communication, nous avions réussi à vendre plus de 20 000 culottes en ligne et à réaliser un chiffre d’affaires de 200 000 euros. Nous savions que nous pouvions espérer davantage avec un peu de marketing et une politique plus poussée d’acquisition clients. Nous nous sommes projetées, nous avons fait des simulations de ventes avec l’objectif de réaliser 15 millions d’euros de chiffre d’affaires dans les trois prochaines années. ». Osé mais payant ! Fin 2019, Jolies Culottes a levé 1 million d’euros auprès de plusieurs business angels, convaincus de la valorisation de l’entreprise à court terme.

3/ Décomposez tous vos besoins financiers

Reste que pour faire rêver les investisseurs, il faut justifier vos propos et évaluer au plus près les moyens financiers nécessaires à la réalisation de vos objectifs de croissance. Si, pour multiplier votre chiffre d'affaires par trois la première année et par deux la deuxième, vous devez : 
-recruter des commerciaux, 
-refondre votre site Internet, 
-lancer une opération de communication.

Estimez le budget que cela représente. C’est ce qu’a fait Matthieu Lecuyer, cofondateur avec Flavien Hello de R-Pur, une start-up qui conçoit des masques antipollution et qui a levé 2,5 millions d’euros en décembre dernier. « Lignes par lignes, nous avons listé tous les investissements nécessaires à notre développement et budgétisé chaque poste avec des devis et des fourchettes moyennes de prix observés sur notre secteur d’activité. À partir de ces calculs, nous avons chiffré le montant total des capitaux dont nous avions besoin. ». Soit plus de 2 millions d’euros consacrés principalement à la R&D, au recrutement et à l’internationalisation de l’entreprise.

4/ Fixez une fourchette moyenne

Tous ces calculs effectués, l’idée est ensuite de donner une fourchette, et non un montant figé. Les investisseurs savent effectivement que l’exécution du plan de développement peut coûter plus cher que prévu. Si le projet leur semble solide, ils ont même souvent tendance à revoir les tickets à la hausse. « Nous avions chiffré notre besoin à 700 000 euros, nous avons finalement levé 1 million. » témoigne ainsi Florie Ducamps de Jolies Culottes. « Cela va nous éviter de nous refinancer trop vite et nous permettre de tenir plus longtemps que prévu. Il faut savoir qu’une levée de fonds est très chronophage - c’est du full-time pendant six mois – et qu’à chaque fois, on perd des parts de capital. Avec ce million, nous sommes tranquilles pour trois à quatre ans ».

5/ Ne diluez pas trop le capital

De l’argent contre des parts ! C’est un subtil équilibre à trouver : faut-il lâcher 20 % du capital contre 500 000 euros de capitaux frais, ou 40 % contre 1 million d’euros ? Pour une première levée, d’après le site Sowefund, il faut rester majoritaire et ne pas céder plus de 20 à 30 %. Cela n'a pas seulement un intérêt patrimonial, cela facilite aussi les futurs tours de table. « Il faut laisser de la marge aux prochains investisseurs avec une promesse de prise de participation au capital alléchante. » recommande Matthieu Lecuyer qui est resté, avec son associé, majoritaire au capital de R-Pur. Même prudence pour Julien Ramponneau - majoritaire à 71 % - qui anticipe déjà sur une deuxième levée de fonds dans un an. « Sur ce premier tour de table, mes investisseurs ont fait monter les enchères entre eux, j’aurais pu obtenir davantage que les 800 000 euros prévus. Mais il faut savoir garder la tête froide et ne pas être trop gourmand. C’est une juste mesure à trouver entre le trop et le pas assez ».

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