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Les fonds de private equity, la nouvelle porte de sortie des start-up

Publié le 06/06/2025

Les sociétés de gestion dans le capital-développement s'intéressent de plus en plus aux start-up européennes, apportant de la liquidité aux actionnaires dans un marché du M&A et des introductions en Bourse grippés, note le nouveau rapport de la banque d'affaires Clipperton.

Qui pour racheter les start-up ? Avec des introductions en Bourse atones et des industriels parfois frileux, une troisième voie de plus en plus populaire se développe en Europe, celle des acquisitions par les fonds de private equity. Une alternative pour les jeunes pousses en quête de relais de croissance ou de liquidité pour leurs actionnaires, note le nouveau rapport de la banque d'affaires Clipperton à ce sujet.

L'année dernière, les sorties des start-up françaises du logiciel ayant levé des fonds et valorisées plus de 50 millions d'euros ont été portées à 81 % par les fonds de private equity. Dans le détail, les opérations ont été soit directes, via un LBO (rachat par effet de levier) à 53 %, soit indirectes, à travers des opérations de build-up, à 28 %.

L'un des cas récents reste, en France, Didomi (RGPD) : la start-up, qui avait levé 40 millions de dollars en 2021, a été acquise par l'américain Marlin Equity Partners. Dans la French Tech, d'autres start-up emblématiques sont passées par la case LBO, à l'instar de Zenchef (PSG Equity) ou encore Ecovadis (Astorg), leur permettant notamment d'avoir des partenaires financiers pour réaliser des opérations de croissance externe. C'est le cas par exemple de Brevo (Bridgepoint), qui a réalisé une dizaine d'acquisitions de start-up depuis l'arrivée du fonds.

Au global en Europe, les rachats de start-up par les fonds de private equity représentent près d'un quart des sorties sur la période 2021-2024, soit une hausse de quatre points par rapport à la période 2016-2020 et en constante progression depuis plus de vingt ans. A noter que ces chiffres s'intéressent uniquement aux start-up ayant levé au moins 5 millions d'euros en capital-risque.

"La tendance actuelle est alimentée par les fonds de private equity, séduits par les success stories récentes sur le segment de la tech, qui ont démontré des performances attractives pour un niveau de risque comparable à celui des actifs non-tech", analyse Antoine Ganancia, associé chez Clipperton.

Les fonds de venture sous pression

Ce passage de relais entre les fonds de capital-risque et de private equity s'explique pour plusieurs raisons. Les fonds de venture sont mis sous pression pour rendre l'argent à leurs souscripteurs et leurs grands frères dans le capital-développement disposent de réserves considérables (141 milliards d'euros entre 2023-2024, selon Invest Europe). Ils perçoivent aussi les actifs tech comme une diversification intéressante, note le rapport.

Les opérations de LBO font une percée dans la French Tech

"Nous anticipons que cette dynamique va se poursuivre, avec des fonds qui lèvent de plus en plus de véhicules sur des thématiques tech", renchérit Laurence de Rosamel, associée chez Clipperton.

Aussi, depuis la crise des financements dans l'écosystème, les start-up ont revu leur stratégie pour tendre vers la rentabilité, faisant d'elles des candidates de plus en plus matures pour ce type de fonds, le capital-développement s'intéressant à des start-up rentables, à forte marge et générant des flux de trésorerie.

Les grandes stars restent néanmoins les start-up B to B du logiciel, avec une récurrence des revenus.

« Dans le contexte macroéconomique actuel, les fonds se montrent plus prudents vis-à-vis des opportunités BtoC, particulièrement en ce moment où les tensions commerciales aux Etats-Unis et dans le monde pèsent davantage sur ces modèles. Le sentiment général chez les investisseurs est que l'exposition au BtoC présente un profil de risque souvent moins attractif, malgré quelques exceptions notables pour les modèles marketplace », souligne Antoine Ganancia.

Ce type d'opération souffre encore d'un déficit de notoriété auprès des entrepreneurs. Ces fonds sont plus présents dans l'accompagnement et la gestion de l'entreprise qu'un fonds de capital-risque, mais ils permettent aussi au management de réaliser des sorties patrimoniales. De l'autre côté, il faut s'habituer à vivre avec un actionnaire majoritaire.

Par Camille Wong. Publié le 5 mai 2025.

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