15/12/2022
Article

Auto-entrepreneurs, comment pouvez-vous vous former ?

Si la formation des salariés est un enjeu pour les entreprises, celle des auto-entrepreneurs, peu mise en avant, ne l'est pas moins pour les principaux intéressés. D'autant plus à l'heure où la manière de travailler et de créer de la valeur a été transformée par la crise sanitaire. 

Fin avril 2020, une étude de l'Ifop réalisée pour le compte du cabinet de recrutement Michael Pages, révélait que 80% des cadres et 66% des salariés avaient dû, au cours des trois dernières années, intégrer et maîtriser de nouveaux outils pour pouvoir continuer à rester compétitifs et assurer leurs missions correctement. Dans une société qui évolue très rapidement, notamment sous l'impulsion du digital, mais aussi par le biais des changements profonds dans l'organisation du travail induits par la pandémie, il en va de même pour les indépendants.  Aujourd’hui, les domaines dans lesquels les auto-entrepreneurs doivent rester informés et formés sont nombreux : transformation numérique, évolution des marchés, changements réglementaires, nouvelles tendances de management... 
 
Souvent perçue comme une contrainte, voire comme une perte de temps, la formation est en réalité tout le contraire. De nos jours, elle constitue un atout, et même une opportunité, pour lancer avec succès son entreprise, et la faire grandir par la suite. Frédérique David, formatrice et déléguée générale de la Fédération nationale des auto-entrepreneurs (FNAE) nous dit tout ce qu'il faut savoir sur le sujet. 

Dans cet article, nous aborderons les questions suivantes : 

  • pourquoi faire une formation en tant qu’auto-entrepreneur,
  • quelle formation choisir pour créer son entreprise,
  • comment sélectionner son organisme de formation professionnelle, 
  • qu’est-ce que le stage de formation à l'auto-entrepreunariat,
  • comment financer une formation

Pourquoi faire une formation en tant qu'auto-entrepreneur ? 

Si le marché du travail est en pleine transformation, les besoins de vos clients le sont également. Faire une formation vous permet de consolider les connaissances de votre domaine d'activité et de trouver plus facilement des clients. Mais il y a de nombreux autres bénéfices à la clé ... 
 
Concrètement, une formation peut vous permettre de :

  • faire le point sur vos compétences
  • avoir tous les atouts en main pour créer votre entreprise
  • connaître les grandes tendances de votre secteur 
  • améliorer vos méthodes de prospection
  • organiser votre activité plus efficacement 
  • maîtriser les derniers outils numériques
  • mieux gérer votre comptabilité

Frédérique David précise : "L’auto-entrepreneur doit intégrer qu’il est un chef d’entreprise comme un autre, avec les responsabilités qui lui incombent : trop souvent, certains se lancent sans connaitre leurs droits sociaux et se retrouvent en difficulté le jour où il y a un pépin. Cela peut avoir de lourdes conséquences... L’une de nos adhérentes avait choisi de payer son impôt en optant pour le versement libératoire forfaitaire (VLF)* alors qu’elle n’était pas imposable et ce depuis 3 ans. Or le VLF n’est pas remboursable. Le fonctionnement très avantageux du VLF s’accompagne de règles qu’il faut connaitre. En faisant le choix de ne pas se former ou de s’informer a minima lors de la création de sa micro entreprise, cette adhérente a perdu de l’argent qu’on ne lui remboursera pas."

Que vous ayez décidé de lancer votre entreprise, ou que vous souhaitiez simplement vous mettre à niveau, une formation vous sera dès lors toujours utile. 

Quelle formation choisir pour créer son entreprise ?

Ces dernières années, les formations visant à aider les entrepreneurs à créer leur entreprise se sont multipliées, tout comme les thématiques couvertes. En effet, il est nécessaire de maîtriser un certain nombre de prérequis, et d'avoir en sa possession les bonnes informations, avant de se lancer. 
 
En ce qui concerne la création de votre activité d'auto-entrepreneur, les formations existantes couvrent point par point l'ensemble du processus : 

Frédérique David insiste sur la nécessité de bien se former : "Je milite pour des formations qualitatives avec une véritable approche ludo-pédagogique. Des objectifs à atteindre, la prise en compte des rythmes chrono-biologiques, des capacités de concentration, de la composition du groupe et du positionnement de chacun ... Dans tous les cas, l’organisme de formation doit proposer une offre qui s’adapte au chef d’entreprise et lui permettra d’acquérir les compétences nécessaires" conseille-t-elle. 

La Fédération Nationale des Auto-Entrepreneurs (FNAE) propose une formation qui inclut tous ces sujets, mais il existe de nombreux organismes que vous pouvez consulter.

Quel organisme de formation professionnelle choisir ?

Avant de choisir un organisme, vous devez déterminer : 

  • l’objectif à atteindre 
  • le type de formation que vous souhaitez suivre (domaine, etc.)
  • sa durée 
  • et le rythme de la formation (quotidiennement, plusieurs fois par semaine, ou plusieurs fois par mois ...)

*À noter* ? Beaucoup d'organismes proposent des formations spécifiques pour les auto-entrepreneurs, accessibles à la fois en présentiel et en distanciel. 
 
Le moins que l'on puisse dire est que vous avez l'embarras du choix : 

-Les Chambres de Commerce et d’Industrie (CCI) proposent de nombreuses formations à destination des auto-entrepreneurs, et notamment le module "5 jours pour entreprendre" afin de maîtriser tous les leviers de la création d'entreprise. 
 
-Le Conservatoire National des Arts et Métiers (CNAM) propose différentes "unités d'enseignement" aux auto-entrepreneurs afin de les aider à "maîtriser leur projet en limitant leur prise de risque", et notamment les modules "L’entrepreneuriat",  "Les règles générales du droit des sociétés", "Entreprendre en TPE" ou encore "Connaissances pour entreprendre"
 
-Les Chambres de Métiers et de l’Artisanat (CMA) proposent le Stage de Préparation à l'Installation (SPI) ainsi qu'un accompagnement personnalisé par un conseiller dédié pour démarrer une activité. 
 
-L'AFPA (Association Nationale pour la Formation Professionnelle des Adultes)
a développé le "Parcours créateur d'entreprise", une formation professionnelle à distance.
 
-Enfin, Pôle emploi propose des formations à destination des créateurs et des repreneurs d'entreprise auxquelles les auto-entrepreneurs peuvent s'inscrire. 
 
À cela s'ajoutent les formations mises au point par certaines grandes écoles et universités dont un certain nombre sont gratuites comme celle de l’EM business school Lyon avec parfois, une certification payante. Elles sont délivrées soit sous forme de MOOC (Massive Open Online Course), des cours en ligne ouverts à tous, soit sous la forme de classes à distance. C’est le cas de la formation "Devenir entrepreneur du changement" proposée par HEC Paris, ou encore "Effectuation : l’entrepreneuriat pour tous" proposée par l'EM Lyon. 

Selon Frédérique David : "L’auto-entrepreneur a, à sa disposition, tous types de formations longues, courtes, en présentiel ou à distance… En fonction des modalités choisies, ce sont les contenus de formation qui seront différents. Par exemple, une formation courte lui donnera les outils pour bien gérer son entreprise, mais le business plan ne sera pas abordé. Avec une formation longue, l’entrepreneur pourra travailler son projet plus en profondeur. Le choix de la formation se fait en fonction de l’avancée du projet et de ses connaissances. Quant au choix de l’organisme de formation, il doit être « Datadocké », c’est-à-dire qu'il respecte les exigences de qualité de Datadock (qualité du programme, professionnalisme des formateurs…) et avoir dès 2022 la certification Qualiopi pour que la formation puisse bénéficier d’une prise en charge financière à l’aide du CPF notamment."

Le stage de formation à l'auto-entreprenariat des Chambre des Métiers et de l'Artisanat

Depuis 2019 et l'entrée en vigueur de la loi Pacte, le stage de formation à l'auto-entreprenariat, dont la dénomination exacte est Stage de Préparation à l'Installation (SPI), n'est plus obligatoire pour pouvoir être immatriculé au registre des Métiers. Il constitue cependant un véritable atout pour vous préparer efficacement au lancement de votre entreprise, et maximiser ainsi vos chances de réussite. 
 
Le but de ce stage est de vous former à la gestion d'entreprise. À ce titre, les thématiques abordées recoupent les connaissances à posséder en matière : 

  • de comptabilité, 
  • de stratégie commerciale, 
  • de financement de projets, 
  • de fiscalité, 
  • de statut juridique de l’auto-entrepreneur 
  • et les formalités d’immatriculation. 

La formation se fait en groupe et est dirigée, la plupart du temps, par un formateur qui est lui-même auto-entrepreneur. Elle se termine par un entretien individuel afin de mesurer vos acquis. Il faut compter une trentaine d'heures en moyenne, réparties sur une semaine. À l'issue de cette formation, vous recevrez une attestation de stage que vous pourrez joindre à votre dossier d’immatriculation au répertoire des Métiers.

Pour vous inscrire, vous devez prendre contact avec votre Chambre des Métiers et de l'Artisanat. En effet, ce sont les CMA qui organisent ces stages, car ce sont elles qui procèdent à l’immatriculation des auto-entrepreneurs. 

*Une précision tout de même* ? Ce stage n'est pas gratuit. Il vous coûtera entre 175 et 400 euros ; somme que vous devrez verser sous la forme d’une cotisation à la Chambre des Métiers et de l'Artisanat dont vous dépendez. Ce tarif est variable car les programmes ne sont pas harmonisés entre les différentes CMA, très nombreuses en France. Vous avez par ailleurs la possibilité d’ajouter des modules complémentaires à l'enseignement de base. 

Il est cependant possible de le faire financer : 

À noter également qu'il est possible, depuis l'année dernière, de suivre ce stage en ligne via une plateforme d’e-learning. Les formalités d'inscription, le coût, la durée et les aides sont les mêmes que pour le stage en présentiel. 

Comment financer une formation ? 

Plusieurs aides existent pour aider à contourner le frein financier qui pourrait empêcher certains auto-entrepreneurs de suivre une formation. Voici les différents dispositifs existants. 

1. La Contribution à la Formation Professionnelle (CFP)
 
Pour pouvoir en bénéficier, il faut déjà avoir lancé son activité car la CPF est calculée en fonction du chiffre d'affaires réalisé dans l'année. Elle fonctionne par le biais d'une cotisation que l'auto-entrepreneur doit verser à l'Urssaf pour avoir droit à l’apprentissage professionnel continu. Celle-ci correspond à 0,10 % du chiffre d'affaires (TTC) pour une activité à caractère commercial, 0,20 % pour les prestataires de service et 0,30 % pour les auto-entrepreneurs exerçant une activité artisanale. 
 
Une fois cette cotisation réglée, l’Urssaf se charge ensuite de la reverser à l’Agence centrale des organismes de Sécurité sociale qui alimente le Compte personnel de formation de l'auto-entrepreneur. Pour faire une demande d'aide de financement, il suffit alors de monter un dossier sur le site Mon Compte Formation en fournissant l'attestation de versement délivrée par l'Urssaf. 
 
2. Le Compte Personnel de Formation (CPF)
 
Géré par la Caisse des Dépôts, le CPF est plafonné à 5 000 euros. Il peut permettre une prise en charge partielle ou intégrale du coût d'une formation. Il remplace, depuis 2015, le Droit à la Formation Individuelle (DIF). Il fonctionne sur le même principe : il faut avoir cotisé en tant que travailleur (salarié, indépendant, alternant…) pour pouvoir en bénéficier. Chaque année de cotisation permet de toucher 500 euros de droit de formation dans la limite d’un plafond de 5 000 euros.

3. Le Fonds d’Assurance de Formation (FAF)
 
Spécialement réservé aux auto-entrepreneurs, le FAF permet la prise en charge partielle ou totale du coût d'une formation. Selon le type d'activité, il est possible de solliciter plusieurs fonds : 

  • le FAFCEA pour les artisans (Fond d'Assurance Formation des Chefs d'Entreprise Artisanale) 
  • l'AGEFICE pour les commerçants,(Fonds d’Assurance Formation (FAF) du Commerce, de l’Industrie et des Services) 
  • et le FIFPL pour les professions libérales (Fond Interprofessionnel de Formation des Professionnels Libéraux) 

Les montants accordés varient entre 600 et 1 400 euros et ne dépendent ni du chiffre d’affaires, ni des cotisations versées au titre de la CFP. Ces montants sont rechargeables tous les ans et peuvent être versés dès la première déclaration de revenus. 

"L'auto-entrepreneur doit d'abord et avant tout se renseigner sur ses droits. 
Il a aujourd’hui de nombreuses pistes de financement à sa disposition. Dès qu’il crée sa micro-entreprise, il cotise auprès d’un fonds de formation. En fonction de son activité, il a ainsi entre 700 euros, et jusqu’à  5000 euros par an pour se former ! Le choix est vaste : formations courtes ou longues, validation des acquis… Les solutions sont multiples !"
conclut Frédérique David. 

Une chose est certaine : que vous vous soyez décidé à lancer votre entreprise, ou que vous souhaitiez simplement vous mettre à niveau, une formation vous sera toujours utile et vous pourrez la faire financer entièrement ou au moins en partie. Désormais, vous savez tout sur les formations dédiées aux auto-entrepreneurs et les moyens de les financer. Il ne vous reste plus qu’à trouver la formation qui vous conviendra le mieux. 


*Versement libératoire forfaitaire : confiscatoire, le VLF est une des options pour lesquelles l’autoentrepreneur peut opter pour le paiement de son impôt sur le revenu.
 

Pour continuer votre lecture

Accident de travail en tant qu’auto-entrepreneur : quelle est la démarche à suivre ?
#Micro-entrepreneurs
Article
L’accident de travail de l’auto-entrepreneur n’est pas spécifiquement indemnisé. La CPAM verse toutefois des indemnités journalières, pour compenser la perte de revenus.
Prévoyance pour les professionnels libéraux : protégez votre avenir
#Professions libérales
Article
Arrêt de travail, invalidité et décès : une prévoyance couvre ces risques dans des conditions optimales. Pour les professionnels libéraux, l’enjeu est de taille…
Congé maternité des professions libérales : Quels sont vos droits ?
#Professions libérales
Article
En 2023, les professionnelles libérales indépendantes en congé maternité perçoivent une allocation de 3 666 € et des indemnités journalières de 60,26 €. Elles doivent toutefois remplir certaines conditions.