Comment définir son salaire en tant qu'auto-entrepreneur ?
L’un des objectifs d’une création d’entreprise est de vivre de son activité indépendante. Pour réussir à bien anticiper son avenir d’entrepreneur, il faut quelques idées claires sur les notions de chiffre d’affaires, de salaire, de revenu, de cotisations sociales, etc. C’est l’objet de cet article : tout comprendre sur le salaire de l’auto-entrepreneur.
Qu’est-ce qu’un salaire d’auto-entrepreneur ?
Tout d'abord, il convient d’éclaircir quelques notions fondamentales : un auto-entrepreneur ne perçoit pas de salaire ! C’est un travailleur indépendant considéré comme un travailleur non-salarié (TNS).
Parler de salaire d’auto-entrepreneur est donc un abus de langage. Il serait préférable de parler du revenu de l’auto-entrepreneur. De la même manière, l’auto-entrepreneur n’existe plus depuis 2016. On parle désormais de micro-entrepreneur, même si le terme d’auto-entrepreneur persiste dans le langage courant.
Un auto-entrepreneur crée en réalité une entreprise individuelle (EI) qu’il soumet au régime de la micro-entreprise, un régime simplifié sur le plan social et sur le plan fiscal. Par définition, l’entreprise individuelle ne fait qu’un avec son créateur. Le patrimoine professionnel et le patrimoine personnel de l’entrepreneur se confondent, sauf pour les créanciers ! Par conséquent, les sommes restantes après paiement des frais, des charges et des impôts deviennent le revenu.
Ce régime simplifié évite de calculer le bénéfice de l’entreprise pour connaître le montant des revenus restants. En effet, les cotisations sociales sont directement calculées sur le chiffre d’affaires encaissé.
Bon à savoir :
En micro-entreprise, contrairement à une société, il n’y a pas de versement de dividendes et pas de possibilité d’obtenir un statut d’assimilé-salarié.
Quels sont les critères de calcul du salaire d’auto-entrepreneur ?
Ainsi, pour calculer le revenu que l’auto-entrepreneur peut récupérer, il faut procéder par étape : le chiffre d’affaires réalisé, les charges de fonctionnement, les cotisations sociales et impôts pour atteindre le revenu disponible.
Déterminer le chiffre d’affaires en micro-entreprise
Les tarifs d’un auto-entrepreneur sont libres mais soumis aux lois de la concurrence, de l’offre et de la demande. Par exemple, un consultant peut évaluer sa mission à 1 000 euros par jour mais cela doit être en phase avec ce que ses clients sont prêts à payer.
Dans le business plan initial, un micro-entrepreneur peut partir de la rémunération nette après impôt qu’il souhaite pour déterminer ensuite quel chiffre d’affaires il doit réaliser. Il peut également partir du taux horaire moyen pratiqué dans sa branche selon son expérience pour déterminer le nombre d’heures et le chiffre d’affaires réalisable. Ainsi, il calcule la rentabilité du projet de création d’entreprise.
Il doit prendre en compte le temps passé à travailler pour son entreprise : facturation, prospection, communication, etc. Même si le fonctionnement d’une micro-entreprise est très simplifié, les tâches administratives ou commerciales doivent être comprises dans le temps facturé aux clients.
A savoir :
Une distinction s’opère entre le chiffre d’affaires (CA) réalisé chaque mois (les missions signées, réalisées et facturées) et le chiffre d’affaires encaissé pendant le mois (les factures payées par les clients). Les cotisations sociales sont calculées sur ce dernier chiffre. Pour surveiller la progression de l’activité, l’entrepreneur se référera plutôt au premier chiffre.
Déterminer les charges
Les frais de fonctionnement :
Même si un auto-entrepreneur ne déduit pas ses charges de fonctionnement, il les paie. Ainsi, en fonction de son activité, il peut s’acquitter :
● des coûts liés à l’achat de marchandises,
● des redevances de licences de solutions digitales,
● des frais de transport,
● des frais d’énergie,
● des loyers,
● des frais de restauration,
● des dépenses de publicité et de communication,
● des frais bancaires,
● le coût des assurances obligatoires ou facultatives, etc.
Pour chaque dépense, le micro-entrepreneur détermine le montant mensuel et/ou annuel. Ainsi, il connaît le montant total de dépenses chaque mois.
Les cotisations sociales :
A cela s’ajoutent les cotisations sociales calculées chaque mois ou chaque trimestre sur le CA encaissé. Le principe est donc : pas de chiffre d’affaires encaissé, pas de cotisations sociales à payer (mais également pas de revenu pour l’auto-entrepreneur). Le paiement de ces cotisations confère une protection sociale à l’auto-entrepreneur.
Le taux de cotisation varie selon l’activité exercée :
● 12,30 % pour la vente de marchandises et les prestations d’hébergement ;
● 21,20 % pour les prestations de service relevant des BIC (bénéfices industriels et commerciaux) ainsi que les professions libérales réglementées ;
● 21,10 % pour les prestations de service relevant des BNC (bénéfices non commerciaux) ;
● 6 % pour la location de meublés de tourisme classés.
A noter :
Des frais de formation professionnelle (entre 0,1 % et 0,3 %) et des frais consulaires (entre 0,015 % et 0,448 %) s’ajoutent à ces cotisations sociales.
L’impôt sur le revenu :
En fonction des revenus du foyer fiscal, le micro-entrepreneur peut décider de payer l’impôt sur le revenu (IR) en même temps que les cotisations sociales, sur la base d’un pourcentage de son chiffre d’affaires. C’est le versement libératoire qui oscille entre 1 % et 2,2 % selon l’activité.
Sinon, le revenu imposable est soumis au barème progressif de l’impôt sur le revenu. Ce revenu imposable correspond au chiffre d’affaires encaissé après un abattement forfaitaire pour frais professionnels, variable selon l’activité. Il n’est pas possible de déduire ses charges au réel.
Déterminer le revenu net disponible
Le solde du chiffre d’affaires moins les charges constitue le revenu disponible. C’est l’équivalent du salaire de l’auto-entrepreneur.
Attention à tenir compte des périodes non travaillées ! Un micro-entrepreneur ne bénéficie pas de congés payés. Aussi, s’il prévoit une semaine ou un mois de vacances, le revenu doit être provisionné en amont.
L’Urssaf met à disposition un simulateur de revenus pour les auto-entrepreneurs.
Exemple :
Un graphiste freelance encaisse un chiffre d’affaires moyen hors taxes de 5 000 euros net par mois. Il paie 400 euros de frais mensuels pour ses outils de travail et son assurance, ses frais bancaires, etc. Il ajoute 100 euros par mois pour renouveler son matériel informatique tous les 4 ans. Ses cotisations sociales et le versement libératoire sur 5 000 euros correspondent environ à 1 200 euros. Le graphiste peut percevoir un revenu de 3 300 euros. Cela correspond au revenu réel net de l’auto-entrepreneur.
Quel est le montant idéal de revenus en micro-entreprise ?
Les revenus de l’auto-entrepreneur la première année :
Très souvent, un créateur d'entreprise entend dire qu’il est difficile de se verser un salaire ou un revenu au cours de la première année d’activité. C’est sans doute moins vrai pour un auto-entrepreneur car, dès que ses charges sont payées, il peut disposer du revenu disponible.
Toutefois, il est prudent de ne pas tout dépenser et de se constituer une épargne de réserve, de 3 à 6 mois. En effet, à défaut de signature de contrat annuel avec certains clients, le chiffre d’affaires peut varier chaque mois et connaître des baisses importantes.
Quel est le salaire maximum d'un auto-entrepreneur ?
Le salaire maximum d’un auto-entrepreneur est en réalité déterminé par le plafond de chiffre d’affaires du régime. Au-delà de ce plafond, le micro-entrepreneur quitte le régime simplifié.
Les plafonds de chiffre d’affaires de la micro-entreprise sont en 2023 :
● 188 700 euros pour les activités de vente de marchandises et de prestations d’hébergement ;
● 77 700 euros pour les prestations de services et activités libérales.
Par exemple, un consultant ne doit pas dépasser un chiffre d’affaires mensuel moyen de 6 475 euros. Cela lui octroie un revenu net disponible d’environ 4 850 euros, selon ses frais de fonctionnement.
A savoir :
Il existe d’autres plafonds de chiffre d’affaires pour bénéficier de la franchise de TVA. Au-delà de ces plafonds, le micro-entrepreneur doit facturer de la TVA à ses clients et la verser à l’État, à échéances régulières, après déduction de la TVA payée sur ces achats.
Quel montant minimal de revenus en micro-entreprise ?
Il n’existe pas de chiffre d’affaires minimum, ni de revenus minimaux pour rester sous le régime de la micro-entreprise. Toutefois, à défaut de réalisation de chiffre d’affaires pendant plusieurs mois, c’est la couverture sociale de l’entrepreneur qui peut devenir défaillante, surtout s’il n’a pas d’autres sources de revenus, ni de protection sociale.
Prenons l’exemple de la retraite. Pour valider un trimestre de retraite en 2022, un auto-entrepreneur doit générer un chiffre d’affaires supérieur à :
● 5 726 euros pour des ventes marchandises et les prestations d’hébergement ;
● 3 321 euros pour les prestations de service relevant des BIC (bénéfices industriels et commerciaux ainsi que les professions libérales réglementées ;
● 2 516 euros pour les prestations de service relevant des BNC (bénéfices non commerciaux) ;
● 2421 euros pour les professions libérales réglementées relevant de la Cipav (Caisse interprofessionnelle de prévoyance et d’assurance vieillesse).
Quel est le salaire moyen d’un micro-entrepreneur ?
L’Insee donne quelques indications. Ainsi, en 2019, le revenu moyen d’un auto-entrepreneur était de 590 euros par mois. Il faut dire que près de 30 % des auto-entrepreneurs cumulent ce statut avec une autre source de revenus, salariée ou non. Ainsi, le revenu total par micro-entrepreneur s'élève en réalité à 2 280 euros par mois. C’est un régime qui connaît de grandes disparités de profils.
Comment se rémunérer en tant qu’auto-entrepreneur ?
Concrètement, le micro-entrepreneur n’a pas à réaliser de fiche de paie ou d’autres démarches. Il suffit d’effectuer un virement entre le compte de sa micro-entreprise et son compte personnel.
Il est plus simple de réaliser un virement mensuel, après paiement de toutes les charges. Toutefois, ce n’est pas une obligation.
Bon à savoir :
L’auto-entrepreneur peut solliciter les aides comme l’Acre, pour bénéficier de cotisations sociales réduites la première année. Désormais, ces aides sont soumises à condition.