Entrepreneur, comment réussir à vous payer ?
Quels sont les critères importants pour fixer sa rémunération ? Sous quel délai et à quelle fréquence ? Toutes les réponses à vos questions d’entrepreneur.
Quand pourrai-je me rémunérer ?
C’est la question qui préoccupe tous les aspirants à la création d’entreprise . Mais quand on lance sa boîte, un certain nombre de critères sont à prendre en compte avant de se rémunérer.
D’abord, il faut évidemment que les revenus de l’entreprise permettent de régler les charges fixes comme le loyer, la location de matériel, l’eau, les honoraires divers, les matières premières, etc. et qu’il reste du bénéfice , insiste d’emblée Adil Maldou, conseiller en création et reprise d’entreprise au sein du réseau d’accompagnement BGE Nièvre Yonne.
En fonction de votre activité, votre société doit donc d’abord enregistrer ses premières ventes ou ses premières missions.
- Dans le secteur du conseil par exemple, entre la prospection client et le règlement de la facture, il peut se passer six à neuf mois. Un laps de temps sans revenu, qui ne permet pas au consultant de se verser le moindre salaire au début.
- Dans le commerce, les rentrées d’argent sont quasi immédiates mais les charges sont plus lourdes, il est donc rare de dégager des bénéfices au départ.
Du coup, quand commencer à se rémunérer ?
En théorie, le plus tard possible pour ne pas pénaliser la trésorerie de l’entreprise. Après, si l’entrepreneur a des impératifs personnels, il doit dès le début de son plan de financement prévoir sa rémunération , recommande Stéphane Gaschet, responsable national Point Création du réseau d’expertise comptable In Extenso.
Si vous êtes demandeur d’emploi et éligible à des allocations, patientez jusqu’à la fin de votre période d’indemnisation avant de vous verser un salaire. Cela permettra de renforcer votre trésorerie.
En tant qu’entrepreneur, combien pourrai-je me payer ?
Évidemment, tout dépend de votre activité et de sa rentabilité.
Un créateur d’entreprise doit avoir connaissance de la moyenne des revenus de son secteur. C’est notamment impératif pour les entrepreneurs en reconversion qui découvrent une activité , ajoute-t-il.
Pour cela, épluchez les dossiers Projecteurs de l’Agence France entrepreneur (l’Agence a fermé ses portes mais vous pouvez retrouver ses dossiers sur le site de la BPI !), compulsez les analyses secteurs des centres de gestion et puis, contactez des confrères d’autres régions que la vôtre.
L’argent étant toujours un sujet tabou en France, ne leur demandez pas combien ils se payent mais dites-leur que vous envisagez de vous rémunérer 2 500 euros nets par mois, est-ce d’après eux réaliste ou pas , illustre Stéphane Gaschet.
Cette étude personnalisée sur les salaires devrait vous éviter des faux pas, peut-être irréversibles pour le lancement de votre entreprise. Pour fixer votre salaire, estimez le plus précisément possible le minimum indispensable pour votre vie quotidienne. Autrement dit, de quelle somme avez-vous réellement besoin pour assumer les charges incompressibles de votre foyer. Il n’existe pas d’étude empirique sur le salaire moyen d’un créateur d’entreprise, mais nos experts le situent autour de 1 000/1 200 euros net la première année et entre 1800 et 2000 euros au bout de vingt-quatre mois.
Comment pourrai-je me rémunérer ?
Cette fois, tout dépend du statut juridique choisi pour votre entreprise. Pour faire simple, vous serez soit chef d’entreprise assimilé salarié, soit travailleur non salarié (TNS).
- Si vous êtes assimilé salarié : vous aurez une fiche de salaire avec un net perçu. À ce montant, vous devrez ajouter les charges sociales patronales et salariales à régler. Entre 65 et 82 % en plus du net à payer , précise Adil Maldou.
Pour un net à 1 000 euros, comptez entre 650 et 820 euros de charges sociales à débourser en fin de mois ou par trimestre au profit de l’Urssaf.
- Si vous êtes travailleur non salarié : pour vous rémunérer, vous prélevez une somme sur le bénéfice comptable de l’entreprise. Vous devrez également honorer entre 44 et 46 % de charges à l’Urssaf ou à la SSI (qui sera totalement adossée à l’Urssaf en 2020). Pour un prélèvement net de 1 000 euros, comptez entre 450 et 500 euros de charges sociales à débourser.
Mais attention, le paiement de ces charges est appelé un ou deux ans plus tard. Afin d’éviter les mauvaises surprises, vous avez donc intérêt à placer, chaque mois, le montant de ces charges sur un compte différent. Si vous ne provisionnez pas ces paiements, vous risquez d’avoir du mal à honorer les sommes demandées le moment venu. Ce report du paiement des charges explique d’ailleurs en partie le nombre important de défaillances d’entreprises au bout de trois ans , argumente Stéphane Gaschet.
- Si vous êtes micro-entrepreneur, il faudra déduire de votre chiffre d’affaires les charges à verser mensuellement ou trimestriellement : 12,8 % ou 22 % en fonction de votre activité.
Et si je ne peux pas me verser de salaire, comment faire ?
Si vous créez votre entreprise suite à un licenciement ou une rupture conventionnelle, vous pourrez utiliser vos indemnités de départ pour assurer votre train de vie quotidien sans avoir à vous verser de salaire. Mais cela ne dure qu’un temps évidemment.
Si vous êtes demandeur d’emploi inscrit à Pôle emploi, vous pouvez prétendre, au choix, à deux types d’aide.
- Le maintien de votre Allocation retour à l’emploi (ARE) suivant le mode de calcul défini par Pôle emploi et pendant vingt-quatre mois maximum.
Si vous avez monté une entreprise individuelle, par définition, vous ne pouvez pas connaître à l’avance le montant du bénéfice de l’entreprise. Vous devez attendre la clôture des comptes. Pour autant, Pôle emploi vous verse 70 % de votre allocation et régularise par la suite, sur la preuve du bilan, en vous versant le complément ou en vous demandant de rembourser un trop perçu , explique Adil Maldou de BGE Nièvre Yonne.
- Le versement de l’Aide à la reprise ou à la création d’entreprise (ARCE) : cette aide vous est versée en deux fois. Le premier versement à la date de début de votre activité, le second six mois plus tard.
Attention, l’ARCE et le maintien des allocations pôle emploi tiennent compte du prélèvement à la source. Un calcul du taux marginal d’imposition est effectué, auquel est retirée la somme imposable. Vous ne toucherez donc que le net après impôt.