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Reprise d’entreprise en difficulté : comment réussir le redressement

Publié le 29/10/2025

Reprendre une entreprise en difficulté : réussir son redressement pas à pas

Reprendre une entreprise en difficulté présente l’avantage d’un prix de cession moins élevé et de pouvoir s’appuyer sur une structure existante. Voici l’essentiel des étapes à suivre pour identifier l’entreprise à reprendre dans le cadre d’une procédure de redressement ou de liquidation judiciaire, pour financer l’opération et bâtir un plan de redressement efficace. 

Identifier les entreprises en difficulté prêtes à être reprises 

Repérer les opportunités de reprise sur le marché 

Pour construire votre projet de reprise d’une entreprise en difficulté, comme pour toute reprise d’entreprise, commencez par identifier les cibles qui correspondent à votre profil, à vos compétences et votre expérience, à votre situation personnelle et vos aspirations. 

Les critères de recherche à prendre en compte sont : 

  • la zone géographique 
  • le secteur d’activité 
  • la taille de l’entreprise (chiffre d’affaires, effectifs)
  • les investissements nécessaires
  • les besoins en capitaux et trésorerie 
  • les délais de procédure à respecter

Reprendre une entreprise en difficulté présente l’avantage, outre son prix, de pouvoir s’appuyer sur une structure existante avec des locaux, du matériel, des équipes, des fournisseurs et des clients. Vous pouvez choisir de reprendre une franchise en difficulté pour bénéficier en outre de l’accompagnement et du cadre qu’offre le réseau de franchise.. 

Bon à savoir : Pour trouver une entreprise en difficulté à revendre ou racheter une entreprise en liquidation, vous pouvez consulter, sur le site infogreffe.fr, le calendrier des audiences et jugements des 12 Tribunaux des activités économiques et des tribunaux de commerce. Sachez également que les administrateurs judiciaires et mandataires judiciaires doivent communiquer, en ligne ou dans la presse, sur toute cession d’entreprise.

Pour identifier des opportunités de rachat de PME, plusieurs plates-formes sont également à consulter :  
- la Bourse de la transmission Bpifrance,
- Transentreprise
- le CRA (Cédants et Repreneurs d’Affaires)
- FUSACQ 
- CessionPME

Les CCI (Chambres de Commerce et d’Industrie) et les CMA (Chambres de Métiers et de l’Artisanat) publient également des annonces de cessions d’entreprises. Être membre d’un réseau d’entrepreneurs - comme le Réseau Entreprendre, Initiative France, Impact France ou le Centre des Jeunes Dirigeants (CJD) - ou d’une organisation patronale - comme la CPME, le Medef ou le mouvement Ethic -, permet d’être informé d’opportunités de reprises d’entreprises dès les premiers signaux faibles de difficultés (départ d’un associé ou d’une personne clé, perte d’un client ou d’un important fournisseur, grève…). 

Évaluer la viabilité et les risques du projet de reprise

Réaliser un audit complet avant la reprise  

Dans le cadre d’une procédure collective, l’administrateur judiciaire pourra vous fournir, sur demande, les éléments comptables nécessaires à l’analyse approfondie de la situation financière de l’entreprise, et notamment : 

  • les bilans et comptes de résultats des derniers exercices
  • le résultat de la période d’observation 
  • la liste des contrats indispensables à la poursuite de l’activité.

Pour savoir si l’entreprise peut être redressée et revenir à une situation financière saine, constituez et analysez soigneusement le dossier de reprise avec votre expert-comptable. Vous pouvez, à cette occasion, entrer en contact avec l’ancien dirigeant et des salariés de l’entreprise pour mieux cerner sa situation et l’origine de ses difficultés. 

Outre réaliser une analyse financière, vous devez également effectuer un audit juridique de l’entreprise. Ce dernier vous permettra non seulement de connaître ses engagements et ses droits au travers de l’analyse des contrats, licences et autres permis en cours, mais aussi d’identifier certains risques liés à de possibles litiges à venir (affaires pendantes devant un tribunal, licenciements conflictuels…). Cette analyse sera aussi l’occasion de vérifier la conformité règlementaire de l’entreprise notamment en matières fiscale, sociale et environnementale.

Enfin, n’hésitez pas à effectuer une analyse SWOT (Strengths, Weaknesses, Opportunities, Threats, les forces et faiblesses, opportunités et menaces) de l’entreprise. Votre diagnostic de l'entreprise doit, entre autres, porter sur le rôle du dirigeant, les profils des salariés au regard des besoins en ressources nécessaires pour réaliser votre projet, l’organisation de l’entreprise, ses modes de communication…

Mesurer le potentiel de redressement

Une fois l’audit effectué, il convient de réaliser une étude de marché. Elle s’appuie sur un travail de veille concurrentielle qui vous permettra, notamment, d’identifier les nouveaux marchés à conquérir et les modes de distribution les plus adaptés pour y parvenir. 

Les questions à se poser pour le repreneur d’une entreprise en difficulté portent, en particulier, sur :

  • les risques et les opportunités liés aux évolutions réglementaires
  • les nouveaux relais de croissance 
  • les attentes des clients et prospects
  • l’offre des concurrents 
  • l’adéquation de l’offre existante à ses marchés 

Vous pourrez alors décider des aspects de la stratégie à conserver, ou à modifier, afin d’évaluer le potentiel de redressement de l’entreprise.

Construire une offre de reprise solide

Constituer un dossier de reprise convaincant

L’étape suivante consiste à construire un business plan solide pour assurer la rentabilité et la pérennité de l’activité et attirer d’éventuels investisseurs. Outre les éléments financiers - tels que le plan de financement, le compte de résultat prévisionnel et un plan de trésorerie sur douze mois -, votre business plan doit comporter une présentation synthétique de votre parcours, de vos objectifs et de votre projet de reprise de l’entreprise en difficulté. 

Appuyez-vous sur votre expert-comptable pour construire votre business plan et sur votre avocat pour bâtir votre offre de reprise. Ce dernier vous apportera un accompagnement juridique à la reprise. Indispensable pour connaître, par exemple, les formalités et les délais de dépôt de votre offre.

La reprise d’une entreprise en difficulté s’inscrit dans le cadre des procédures collectives. Votre dossier de reprise doit notamment comporter : 

  • la désignation précise des biens, des droits et des contrats inclus,
  • les prévisions d’activité et de financement,
  • le prix offert et les modalités de règlement 
  • le niveau et des perspectives d’emploi justifiés par l’activité considérée,
  • la date de réalisation de la cession…

Négocier efficacement avec les parties prenantes 

En cas de redressement judiciaire, vous pouvez publier une offre de reprise dès le jugement d’ouverture. Vous pouvez, dans ce cas, proposer de reprendre l’entreprise ou une branche d’activité autonome en complément d’un plan de redressement. L’administrateur judiciaire désigné par le tribunal sera le destinataire de l’offre de reprise.

En cas de liquidation judiciaire, la reprise s’organisera dans le cadre d’un plan de cession. L’offre de reprise de l’entreprise est remise à l’administrateur judiciaire si le tribunal en a désigné un, et, à défaut, au mandataire judiciaire. 

Financer la reprise d’une entreprise en difficulté

Explorer les sources de financement disponibles

Emprunter s’avère souvent plus difficile pour reprendre une entreprise en difficulté que pour acheter une société dont la situation financière est saine. Renseignez-vous sur les fonds de capital-investissement qui ont des stratégies axées sur les situations spéciales, telles que les situations de retournement. Ces partenaires financiers peuvent vous apporter non seulement des capitaux, mais aussi des expertises sectorielles et un accompagnement utile pour améliorer l’efficacité opérationnelle de l’entreprise et favoriser son développement.  

Il est possible également d’associer les salariés à votre projet de reprise et de leur proposer de prendre une participation dans l’entreprise (parts sociales, actions…) : ils deviendront alors vos associés. 

Si vous êtes demandeur d’emploi, tournez-vous vers France Travail pour savoir si vous êtes éligibles à l’ARCE, l’Aide à la reprise ou à la création d’entreprise.

Sécuriser les conditions de financement

Dans le cadre d’une procédure collective, l’offre de reprise doit préciser la qualité des apporteurs de capitaux et, le cas échéant, de leurs garants. Les garanties souscrites en vue d’assurer son exécution doivent également figurer dans l’offre.
Le tribunal peut en outre imposer au repreneur la reprise de la charge d’une sûreté, tels qu’une hypothèque, un nantissement ou un privilège, pour garantir le paiement d’un crédit ayant servi à financer le bien sur lequel porte cette sûreté.

Piloter le redressement et relancer l’activité

Mettre en œuvre les actions prioritaires

L’audit avant reprise vous a permis d’identifier les leviers de redressement et de performance à activer pour redresser l’entreprise en difficulté et retrouver le chemin de la croissance. Différentes actions pourront être menées comme, par exemple : 
la restructuration de l’entreprise
la réorganisation de sa gouvernance, c’est-à-dire la composition des instances de direction
la recomposition de l’équipe dirigeante 
le recrutement de collaborateurs ayant des profils adaptés à votre nouvelle stratégie 
l’optimisation des processus (achats, production, logistique, vente, Service Après-Vente (SAV)…)
la transformation digitale de l’entreprise
la recours à l’IA 
la transformation durable de l’entreprise (mise en place d’une approche RSE)

Suivre la performance et ajuster la trajectoire

Suivre la performance de votre entreprise au plus près est une nécessité. Pour vous y aider, des outils de gestion spécifiques existent, notamment, les comptes prévisionnels et les tableaux de bord. Les premiers vous permettront de vous projeter et d’écrire ce que devrait produire et consommer votre entreprise lors de l’exercice à venir (estimation des charges, du chiffre d’affaires, chiffrage de la trésorerie…). Les seconds vous permettront d’analyser au jour le jour votre activité pour vérifier le bon déroulé de votre scénario et changer de cap rapidement si cela se révèle nécessaire.
Pour bâtir vos comptes prévisionnels et les tableaux de bord, faites appel à votre expert-comptable. 

S’inspirer de réussites concrètes

Pour reprendre une entreprise en difficulté, l’adhésion des équipes et l’affectio societatis sont des facteurs clés de succès. La Biscuiterie Jeannette, la plus ancienne de Normandie, a connu 5 liquidations judiciaires avant que Benoît Martinet et André Réol ne décident de reprendre les rênes. Ils ont redressé la barre en recrutant une ancienne salariée pour assurer le développement commercial, en rajeunissant les équipes et la clientèle et en communiquant sur les réseaux sociaux, avec un logo remis au goût du jour. Pour la Biscuiterie Jeannette, la montée en gamme de ses madeleines, cakes et financiers est un pari gagné !

Autre exemple, celui d’Happy Plantes en 2022. En reprenant cette marque d'infusions bio, locales et sans arômes ajoutés, Camille Monnier a recentré l’activité sur la cible BtoB et misé sur la distribution locale. Deux décisions qui ont porté leurs fruits et fait de la reprise de cette entreprise en difficulté un succès. Mais l’ancienne salariée d’Happy Plantes a su également bien s’entourer, en intégrant le réseau d’entrepreneuses « Potentielles », et s'appuyant sur des compétences externes pour la partie commerciale et pour gérer les réseaux sociaux. 

Par Agnès Séverin ( Les Echos)

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