22/11/2023
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Comment ouvrir un commerce sans apport ?

Créer une entreprise sans apporter d’argent en capital social est possible. Lancer son activité sans argent, en revanche, est complexe. Les entrepreneurs qui ne disposent pas de fonds propres ont toutefois des solutions de financement, accessibles sous conditions. Optimiser ses dépenses au démarrage de l’activité, en tout état de cause, facilite l’ouverture d’un commerce sans apport personnel.

Créer une entreprise sans apport : est-ce possible ?

L’absence de fonds propres est un frein à l’entrepreneuriat, d’un point de vue psychologique mais aussi sur le plan matériel. En règle générale, il faut en effet de l’argent pour créer une entreprise et financer le démarrage de son activité.

Des secteurs d’activité, dans certaines conditions, permettent de débuter sans aucun moyen financier. Illustration : un ancien salarié crée gratuitement sa microentreprise pour faire du conseil en stratégie digitale ; il commence à travailler depuis son domicile, avec son ordinateur et son téléphone personnel ; il obtient ses premiers clients en communiquant sur LinkedIn et en activant son réseau. Il génère ainsi ses premiers revenus en tant qu’indépendant sans avoir investi le moindre euro.

Il est possible de créer une entreprise sans apport personnel, mais rares sont les entrepreneurs à créer une entreprise sans argent. D’un secteur d’activité à un autre, les investissements initiaux sont plus ou moins élevés. Dans la plupart des cas, toutefois, un capital de départ minimum est nécessaire. Pour parvenir à financer ce capital de départ minimum, il faut réduire les dépenses au minimum et/ou se faire financer.

Quel statut juridique pour la création d’un commerce sans apport en capital ?

Les statuts juridiques populaires permettent de créer un commerce sans apport en capital social.

•    Les entreprises individuelles, microentreprises incluses, n’ont pas de capital social.

•    Les SAS et les SARL ainsi que leurs formes unipersonnelles SASU et EURL – qui constituent les sociétés privilégiées par les créateurs d’entreprise – peuvent être créées avec un capital social d’un euro symbolique. La loi en effet n’exige pas de capital social minimum. Les SELAS et les SELARL, sociétés équivalentes dédiées aux professions libérales réglementées, peuvent également être créées avec seulement un euro.

Pour créer une SA, en revanche, la loi exige un capital social de 37 000 € minimum.

Le capital social d’une société permet de financer le démarrage de son activité. Le montant du capital, qui apparaît dans les statuts et sur le Kbis, est également le gage des créanciers. La loi autorise à créer une société sans apport en capital social, mais la crédibilité de l’entrepreneur auprès des partenaires financiers peut en pâtir.

Quelles aides pour passer de salarié à entrepreneur sans apport ?

Quand le projet de création d’entreprise naît pendant une période de travail salarié, l’entrepreneur ouvre plus facilement son commerce sans apport. Il peut envisager deux dispositifs distincts d’aide à la création d’entreprise.

•    Le temps partiel pour création d’entreprise permet d’assurer un maintien partiel de salaire. L’entrepreneur peut ainsi lancer son activité indépendante tout en continuant à financer son train de vie. En réduisant ses dépenses personnelles, il peut en outre utiliser son salaire pour financer certains postes indispensables au lancement de son entreprise. De la même manière, le maintien des allocations chômage contribue à l’ouverture d’un commerce sans apport.

•    L’Arce (Aide à la Reprise ou à la Création d’Entreprise) permet de recevoir 45 % des droits à l’assurance chômage sous forme d’aide financière. Cet argent peut être investi en capital social. L’entrepreneur peut autrement utiliser ces fonds pour réaliser une avance en compte courant : son entreprise dispose des fonds suffisants pour démarrer, il récupère son argent quand il le souhaite.

L’importance du business plan pour ouvrir un commerce sans apport

Faire un business plan préalablement à la création d’entreprise est important, d’autant plus si vous vous lancez sans apport personnel.

•    Le business plan reprend les éléments de votre étude de marché. C’est ainsi que vous analysez le potentiel de votre idée, pour faire vos prévisions de vente. Avoir une estimation de la date et des montants de vos encaissements vous permet de savoir combien de temps votre entreprise doit « tenir » sans argent. Illustration : vous constatez que vous encaissez vos premiers revenus d’activité un mois après le lancement de votre entreprise ; vous envisagez de négocier sur cette base des délais de paiement avec vos fournisseurs.

•    Le business plan inclut un plan de financement, qui liste les besoins en financement. Cette liste est indispensable pour ouvrir un commerce sans apport : vous avez une vision sur le montant des dépenses et sur les dates de décaissement. Vous pouvez ainsi vérifier si les encaissements peuvent financer les décaissements. Cette liste vous permet en outre d’analyser vos dépenses, en vue de les réduire.

Le business plan est important pour ouvrir un commerce sans apport car les partenaires financiers l’exigent pour prendre leur décision. Le document doit être convaincant, et fiable.

6 postes budgétaires à optimiser pour lancer son activité sans apport

Les postes budgétaires listés dans le business plan varient selon l’activité. Voici un aperçu des dépenses courantes, et des astuces pour les réduire en vue de se lancer à moindre coût.

#1 Les formalités de création d’entreprise

Les formalités de création d’une micro-entreprise sont gratuites. En dehors de ce statut juridique, les formalités de création d’entreprise ont un coût. Ce coût toutefois est minime : comptez environ 25 € pour une entreprise individuelle, et moins de 200 € pour une société commerciale (EURL, SARL, SASU ou SAS).

#2 Les rémunérations

Les salaires (chargés) représentent un poste budgétaire lourd au démarrage d’une activité. C’est pourquoi la plupart des créateurs d’entreprise qui débutent sans apport n’embauchent pas immédiatement. Il faut donc bien organiser son temps, et être polyvalent.

Tant que vous ne vous rémunérez pas, vous veillez en outre à adopter un train de vie économe.

Certaines tâches indispensables au lancement de votre activité sont techniques – la tenue de comptabilité en société commerciale, par exemple. Si vous n’avez pas l’expertise nécessaire, vous devez faire appel à un prestataire, ou vous former. Des dispositifs d’aide proposent un accompagnement gratuit sur les volets juridiques et administratifs. N’hésitez pas à solliciter votre région pour connaître les dispositifs et leurs conditions d’accès.

Le dispositif d’aide Pass Création, par exemple, offre un accompagnement personnalisé aux créateurs d’entreprise en Bretagne et en Centre-Val de Loire.

#3 Le stock, les matières premières et le matériel de production

À moins de vendre des prestations purement intellectuelles, dans le cadre d’une activité libérale notamment, vous avez besoin de stock, de matières premières et/ou de matériel de production.

Les activités de prestations de services nécessitent moins d’investissement sur ce poste.

Pour ouvrir votre commerce sans apport, ou à moindre frais, vous devez trouver une solution pour financer vos coûts de production. Voici des pistes à envisager :

•    Négociez des délais de paiement avec vos fournisseurs, de manière à payer votre stock ou vos matières premières une fois que vous avez encaissé vos premières ventes.

•    Réalisez des apports en nature avec votre matériel personnel. Si vous avez besoin d’un ordinateur et d’un véhicule, par exemple, vous peut-être pouvez utiliser les vôtres pour économiser sur ces achats.

#4 La communication

Pour trouver vos premiers clients, vous avez besoin de communiquer. Créer un site internet, être référencé sur les moteurs de recherche et faire de la publicité sur les réseaux sociaux, notamment, sont des actions efficaces pour se faire connaître.

Grâce au digital, vous pouvez réduire voire supprimer des dépenses de communication, pour pouvoir ouvrir votre commerce sans apport. Exemples :

•    Créer une fiche d’établissement sur Google est gratuit. Progressivement, votre fiche se référence dans les résultats de recherche : vous apparaissez en ligne.

•    Des outils en ligne permettent de créer un site internet et un blog gratuitement, ou à moindre coût. Une expertise minimale est requise. C’est une option à envisager pour commencer à communiquer sans investissement important.

•    Créer des comptes sur les réseaux sociaux pertinents, et les animer régulièrement, est une méthode efficace et gratuite pour communiquer. Vous pouvez lancer des campagnes attractives, telles que des jeux-concours, pour augmenter votre visibilité grâce à la viralité des contenus en ligne.

Vous pouvez également mutualiser vos coûts marketing en adhérant à une association de commerçants.

#5 Les locaux professionnels et commerciaux

Louer un bureau et/ou une boutique : ces postes budgétaires sont importants, mais pas incompressibles. Ouvrir un commerce sans apport nécessite d’économiser sur ces dépenses :

•    Certains entrepreneurs commencent par vendre exclusivement en ligne. Créer un site e-commerce, en effet, est souvent moins cher en comparaison avec le loyer d’un bail commercial, le dépôt de garantie… Le site internet néanmoins doit être suffisamment référencé pour générer du trafic. 

•    Si possible, vous travaillez depuis chez vous. C’est le meilleur moyen d’économiser sur la location d’un bureau. 

•    Les pépinières d’entreprises vous permettent d’économiser sur diverses dépenses liées à un bail professionnel – loyer, équipements, aménagements… Vous pouvez vous rapprocher de votre région pour connaître l’étendue de vos possibilités.

#6 Les cotisations sociales

Dans la plupart des cas, vous ne payez pas de cotisations sociales tant que vous ne percevez pas de rémunération. Ouvrir un commerce sans apport ne vous inquiète donc pas à cet égard. En entreprise individuelle (hors micro-entreprise), en EURL et en SARL, par exception, vous payez des cotisations sociales minimales même en l’absence de rémunération. Comptez environ 1 200 € par an.

3 solutions de financement pour ouvrir un commerce sans apport

Malgré tous vos efforts pour réduire les coûts liés au démarrage de votre activité, vous pouvez créer votre entreprise sans apport personnel, mais difficilement sans argent. Vous devez donc trouver une solution de financement. Il en existe de cinq types :

•    Les dons de votre entourage. On parle aussi de « love money ».

•    Les aides financières de type subventions. Vous recevez de l’argent, sans besoin de rembourser les sommes.

•    Les aides de l’État et des régions, sous forme d’avantages financiers – prêts à taux zéro, par exemple.

•    Les prêts, majoritairement bancaires, à rembourser.

•    Les prises de participation : un associé ou un investisseur apporte l’argent dont vous avez besoin, en échange d’une participation aux bénéfices, et aux prises de décisions.

Votre région, l’organisme Bpifrance et votre banque sont des interlocuteurs privilégiés pour vous renseigner sur vos solutions de financement.

Zoom sur 3 solutions de financement très utilisées par les créateurs d’entreprises.

#1 Les subventions

Obtenir une aide financière sous forme de subvention est une solution très avantageuse : vous n’avez rien à rembourser. L’argent que vous recevez s’apparente à un don. Cette solution de financement est principalement accessible via des concours. Chaque organisme organisateur fixe ses propres conditions d’accès au concours et ses critères de classement.

Exemples : le Challenge Startups Secteurs d’Avenir 2023 permet de gagner jusqu’à 30 000 € de subvention ; la bourse Shine finance des projets portés par des femmes.

#2 Les prêts professionnels

Ouvrir un commerce sans apport grâce à un prêt bancaire est une solution envisageable. Les banques, sur présentation d’un business plan solide, peuvent vous prêter de l’argent pour financer le démarrage de votre activité. En règle générale, elles exigent un apport personnel minimum de votre part. Vous pouvez constituer cet apport en obtenant préalablement un prêt d’honneur.

Les prêts d’honneur, octroyés par des organismes tels que Réseau Initiative, Réseau Entreprendre ou encore l’Adie, sont des prêts à des conditions avantageuses, pour emprunter des montants d’environ 10 000 €.

#3 Le financement participatif

Le financement participatif, ou « crowdfunding », ressemble à une prise de participation. La plupart des plateformes de crowdfunding proposent toutefois des modalités plus souples. Les investisseurs ne deviennent pas actionnaires : vous leur versez une contrepartie en nature – un produit que vous commercialisez.

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