Création d'entreprise : comment trouver une bonne idée ?
Aspirants à la création d’entreprise, vous vous êtes déjà demandé comment trouver une idée qui va révolutionner le monde ? Nos conseils pour avoir de la suite dans les idées !
- Que vais-je bien pouvoir inventer ?
- Comment trouver une idée géniale qui va permettre de faciliter la vie des consommateurs ? Qui va leur permettre de porter un nouveau regard sur leur quartier, leur ville, leur village, etc.
Voilà le genre de questions que vous, aspirants à la création d’entreprise, vous vous posez évidemment. Sauf que les bonnes idées ne tombent pas du ciel. Il faut les chercher, les provoquer, les imaginer… Nos conseils pour avoir de la suite dans les idées.
Trouver une idée pour créer son entreprise, c'est quoi ?
Qu’est-ce qu’une bonne idée de création ?
Au risque de vous décevoir, une bonne idée ne se décrète pas a priori. Une idée devient géniale dès lors que vous la mettez en œuvre et que les résultats dégagés sont au rendez-vous. Voire dépassent vos attentes.
"L’idée en elle-même ne vaut rien, car on ne peut pas anticiper comment elle sera perçue. C’est sa réalisation qui va en faire une bonne idée ou pas", argumente Thierry Etoc, président d'Actrans Conseil et auteur de "Je veux créer ma boîte, ça se soigne ?".
Donc, vous ne saurez qu’a posteriori si votre idée de business était bonne… ou mauvaise. Mais gardez bien en tête qu’une idée de création d’entreprise n’a pas forcément besoin d’être révolutionnaire pour être une bonne idée. Quel que soit le projet, trouver une idée ne s’improvise pas.
« Il est selon moi très intéressant de toucher l’essence même du sujet, en le redécomposant puis en le recomposant. Ce processus, qui consiste à déprendre, permet de ne pas se laisser embarquer par la pensée unique, la pensée du moment », explique Philippe Cahen, auteur de "Méthode et pratiques de la prospective par les signaux faibles", (éditions KAWA, 2018).
Pour créer, exposez-vous aux idées
Sortez de chez vous, rencontrez des nouvelles personnes, changez vos habitudes.
"Créez-vous des sources d’étonnement en diversifiant vos horizons par de nouvelles lectures, de nouvelles rencontres, de nouvelles activités. Accordez-vous par exemple une heure de temps en temps pour surfer au hasard sur le Net, sans but précis. Cela nourrira votre imaginaire et votre inspiration", recommande Philippe Silberzahn, professeur spécialiste de la stratégie, de l’entrepreneuriat et de l’innovation à EMLYON Business School.
Votre idée de départ ne sera peut-être pas celle retenue à l’arrivée. Peu importe, une idée peut évidemment évoluer au fil de l’avancement de votre projet d’entreprise.
« On est tous un peu formatés, dans un mode de pensée qui va nous interdire certains processus de réflexion. Or il est important d’ouvrir le champ des possibles en identifiant bien, dès le départ, quels sont ses propres freins et ceux de la société. Ils peuvent être éthiques, réglementaires, technologiques, scientifiques… Les identifier permet d’envisager d’autres chemins ou au moins de savoir précisément pour quelle raison on n’est pas allé dans une certaine voie » analyse Olivier Parent, prospectiviste, fondateur du site Futur Hebdo.
Idée de projet innovant : où chercher l'inspiration ?
Cassez les codes
Raisonnez autrement, imaginez comment les choses pourraient se faire différemment sans recourir aux bonnes vieilles ficelles. Imaginez un déplacement avec chauffeur mais sans taxi, et vous lancez Uber (bon d’accord, c’est déjà fait). Bref, vous l’aurez compris, l’objectif est de sortir du cadre et oublier ce qui se fait traditionnellement.
Repérez les manques
Pensez vie quotidienne et domestique. Écoutez votre entourage se plaindre d’un produit inadapté, d’un service ou d’un ustensile qui, s’ils l’avaient eu sous la main, leur aurait facilité la vie.
"Pour cela, ne soyez pas obsédé à tout prix par les nouvelles technologies. J’ai rencontré l’autre jour une personne qui, constatant que sa grand-mère avait du mal à décapsuler les bouteilles d’eau en verre, a mis au point un ouvre-bouteille pour seniors", raconte volontiers Philippe Cahen.
Anticipez les changements à venir avec votre projet
Cette fois, il ne s’agit pas de répondre à un manque ou à une carence du marché mais au contraire, de réfléchir à ce qui est caché. Anticipez au maximum non pas en vous basant sur des solutions qui existent déjà mais en imaginant ce qui pourrait exister demain.
« Prenons la voiture autonome, qui prévoit le déplacement des véhicules sans le moindre chauffeur. C’est l’usage du véhicule qui importe désormais et non le fait d’en être propriétaire. Ce changement remet en cause tout le système. Dans cette démarche, il faut se laisser aller, ne pas se fixer de limite. Tout est possible !"
« Il pourrait s’agir de donner corps à des aspirations individuelles et collectives pour changer sa manière de consommer et de produire. Les outils numériques sont tout à fait aptes à porter ce genre d’élan, de même que les nouvelles technologies, qui pourront se nourrir de l’intelligence artificielle. Les outils collaboratifs, le partage de services, d’informations, de données, de savoir-faire, de bons usages seront dans l’air du temps. Il peut être également intéressant de se pencher sur l’enjeu majeur du stockage de l’énergie, dans une société qui se focalise quasi uniquement sur sa production – alors que, en soi, cette dernière ne pose pas de problème – » souligne Olivier Parent.
Autre exemple de signal faible caché : le recul de l’âge légal du départ à la retraite. La première idée qui vient en tête (car la plus facile) serait de réfléchir à un nouveau mode de financement des retraites. Or, cet allongement de la durée du travail aura pour conséquence une diminution significative des bénévoles dans les associations et chez les aidants. Voilà un signal faible caché. Ne faudrait-il pas imaginer une autre forme de bénévolat ?
« Il pourrait s’agir d’une rémunération du bénévolat sous forme de points retraite. Il a été prouvé que les personnes retraitées tombaient moins malades si elles avaient une vie sociale active. Pour la Sécurité Sociale, cela implique de réelles économies » avance Philippe Cahen.
Pensez aux inverses
Un autre moyen de trouver de l’inspiration est de raisonner en termes de grand écart. Autrement dit, d’imaginer un concept et de le décliner d’un extrême à l’autre. Une version chère, une version "low price". Une version manuelle, une version automatisée. Une version papier, une version digitale, etc.
"Imaginez par exemple que vous serez le Lidl ou le Ryanair de votre produit. Ou, à l’inverse, que vous serez le Nespresso ou la Mini Cooper, donc plutôt un positionnement premium pour votre futur produit ou service", illustre-t-il.
Améliorez un produit
En résumé, réinventez le fil à couper le beurre, mais en mieux.
"Facebook par exemple n’a pas inventé le concept de réseau social en ligne. Il existait déjà Myspace, par exemple. En revanche, Facebook a adapté et amélioré le concept grâce à des nouvelles technologies plus performantes", observe Éric Michaël Laviolette, Professeur Associate en Entrepreneuriat & Stratégie, Toulouse Business School
Jouez la montre
Non, il ne s’agit pas de laisser le temps filer. Au contraire. Les consommateurs courent en permanence contre la montre. Donc tous les produits ou services (livraison very express, etc.) leur permettant de gagner du temps et d’optimiser leur agenda, sont des pistes à creuser. Vous pourrez analyser les besoins des consommateurs à travers votre étude de marché
Pensez local
Ce n’est évidemment pas un hasard si les grands noms de la distribution se mettent à rouvrir des petites surfaces de vente dans le centre-ville. Le regain pour le business local n’est pas un mythe. Dans un souci de responsabilité sociale et sociétale, les consommateurs préfèrent aujourd’hui acheter près de chez eux et de préférence, à des producteurs locaux. Si on ajoute à cela les nombreuses plateformes d’entraide entre voisins, pairs, amis… Bref, n’allez pas chercher à l’autre bout de la planète des idées qui sommeillent sans doute à votre porte. Reprendre une entreprise locale peut s’avérer un excellent pari. Lancer ou relancer une activité artisanale avec une zone de chalandise locale est aussi une piste à explorer.
Surfez sur la déréglementation
Autant la réglementation est un frein à l’entrepreneuriat, autant la déréglementation peut être une opportunité de business.
"Quand Bruxelles décide d’ouvrir un secteur à la concurrence, tout le monde peut se saisir de ces nouvelles opportunités. Regardez ce qui s’est passé en 1998 avec la fin du monopole dans les télécoms", se souvient Philippe Silberzahn.
Soyez également à l’affût (même en amont) des nouvelles normes européennes. Souvent, elles imposent un nouveau besoin ou induisent de nouveaux modes opératoires.
Chinez à l’étranger
Vous pouvez également observer les business qui fonctionnent à l’étranger et les dupliquer en France.
"C’est à la faveur d’un séjour d’études en Hongrie que quelques-uns de nos étudiants ont découvert les restos de bagels. Ils ont décidé de tester ce concept et de l’adapter aux goûts français. Aujourd’hui, ils en ont fait un réseau de franchise (Bagel Corner, ndlr)", illustre Éric Michaël Laviolette.
Rapprochez produit et technologie
Évidemment, tous les produits ne seront pas un jour connectés. Mais qui aurait cru, il y a quelques années, que certains d’entre eux, comme les montres ou les fours, pourraient être pilotés à distance.
"Il s’agit de combiner un produit existant avec un nouvel usage. Par exemple, les lits servent toujours à dormir mais les lits connectés permettent de faire des mesures durant le sommeil", conclut Stéphane Degonde, auteur de "J’ose entreprendre ! Créer et diriger son entreprise : 100 risques à éviter pour réussir" (Le Passeur, 2015).
J'ai enfin une idée, j'en fais quoi ?
Conceptualisez votre idée de création d’entreprise
Autrement dit, matérialisez cette idée afin qu’elle prenne forme et ait une représentation physique. Dans un premier temps, un schéma vaut toujours mieux que de longs discours. Donc dessinez, projetez à plat ou en 3D… les mots viendront alors tout seuls.
Parlez-en
Évidemment, pas question d’en parler à tout le monde mais au moins, de l’ouvrir aux premiers cercles concentriques de son réseau : famille, amis, entrepreneurs, etc.
"Aujourd’hui, la création d’entreprise est une démarche participative. Une fois que vous avez capté quelque chose, très vite, il faut évidemment marquer que vous êtes la référence du sujet afin de conserver le leadership dessus. Mais partager votre idée avec les autres la fera nécessairement grandir et maturer", assure Éric Michaël Laviolette, de la Toulouse Business School. Fini le temps où l’on faisait pousser son idée seul jusqu’à son éclosion sur le marché !
Testez votre idée
"Historiquement, le lancement d’un produit ou d’un service intervenait après une étude de marché et beaucoup de temps passé, parfois trois ans, à fignoler le produit avant sa mise sur le marché. Et puis, c’était le big bang… ou pas", se souvient Philippe Silberzahn, professeur spécialiste de la stratégie, de l’entrepreneuriat et de l’innovation à EMLYON Business School.
Désormais, c’est le "test & learn" qui prévaut. En clair, testez le plus rapidement sur le marché votre produit ou service, même s’il n’est pas complètement abouti (ce que l’on appelle le "Minimum Viable Product") et ajustez le tir (spécifications, applications…) en fonction des premiers retours des consommateurs. Ces derniers ne manqueront pas de vous faire part de carences, manques de fonctionnalités, précisions à apporter, etc. Vous pouvez également soumettre votre idée à un "crash test", en général proposé dans les Chambres de commerce et d’industrie. Concrètement, face à un jury d’experts en création d’entreprise mais aussi de dirigeants, vous avez cinq minutes pour leur présenter votre projet, cinq minutes pour répondre à leurs questions (qui ne vous brossent pas nécessairement dans le sens du poil) et cinq minutes pour les écouter lister les points forts de votre idée, mais aussi (et surtout) les axes d’amélioration. Comme pour les crash tests automobile, soumis à rude épreuve, votre projet de création d’entreprise n’en sera que plus solide.