Retraite Libérale : Calcul, Optimisation & Transition
À l’exception des avocats, tous les professionnels libéraux relèvent de la Caisse nationale d’assurance vieillesse des professions libérales (CNAVPL) pour leur retraite. Découvrez les principales modalités.
Retraite des professions libérales : quels sont les régimes à prendre en compte ?
En vertu du principe de solidarité, cotiser à un régime de retraite est obligatoire. Le principe général est le suivant : vous payez des cotisations pendant vos années d’exercice, vous recevez une pension de retraite quand vous arrêtez de travailler – sous réserve de remplir les conditions.
En tant que professionnel libéral, votre régime de retraite s’articule ainsi :
- Votre retraite de base, obligatoire, est gérée par la CNAVPL. Entrepreneur individuel ou dirigeant de société : vous dépendez de la CNAPVL quel que soit le statut choisi pour exercer votre profession libérale.
- Votre retraite complémentaire, obligatoire également, est gérée par la section de la CNAVPL compétente pour votre profession. Si vous êtes vétérinaire, par exemple, vous n’avez pas la même caisse de retraite complémentaire qu’un ostéopathe. Au sein des professions libérales de santé, il existe des sections spécifiques. La plupart des professionnels libéraux dépendent de la Cipav (Caisse interprofessionnelle de prévoyance et d’assurance vieillesse) : architectes, psychologues, guides de haute montagne… La Cipav gère en outre, avec la Cnav, la retraite complémentaire des professionnels libéraux qui exercent en microentreprise.
La section de la CNAVPL compétente pour votre profession est votre interlocuteur principal. Si vous dépendez de la Cipav(1), comme la majorité des professionnels libéraux, l’Urssaf est votre interlocuteur pour le recouvrement des cotisations et le paiement des pensions de retraite.
Comment est calculée la retraite des professions libérales ?
Les modalités de calcul de la retraite des professionnels libéraux se basent sur un système de points. Deux aspects principaux vous intéressent en ce qui concerne votre retraite : le montant de vos cotisations et le montant de votre pension de retraite. Les deux sont liés : plus vous cotisez, plus vous gagnez des points. Or le montant de votre pension de retraite est calculé en fonction du nombre de points que vous avez acquis.
Calcul des cotisations au titre de la retraite de base en libéral
Vous payez des cotisations d’un montant proportionnel à vos revenus. Le calcul est effectué par tranche de revenus.
- Sur la tranche de revenus professionnels inférieurs à 46 368 € (montant du PASS au 1er janvier 2024), le taux de cotisations au titre de la retraite de base est de 8,23 %.
- Sur la tranche de revenus professionnels comprise entre 0 à 231 840 € (5 fois le montant du PASS en 2024), le taux de cotisations au titre de la retraite de base est de 1,87 %.
En-dessous d’un certain montant de revenus, vous payez des cotisations minimales forfaitaires. En 2024, le montant des cotisations minimales forfaitaires est calculé sur la base d’un revenu annuel de 5 332 € (équivalent à 11,50 % du PASS). C’est-à-dire que si vous gagnez 5 332 € ou moins, vous payez des cotisations forfaitaires d’un montant de 539 € [5 332 € x (8,23 % + 1,87 %)].
Calcul des cotisations au titre de la retraite complémentaire en libéral
Aux cotisations de retraite de base, vous devez ajouter des cotisations de retraite complémentaire. Les modalités de calcul des cotisations au titre de votre retraite complémentaire dépendent de votre section professionnelle. Prenons l’exemple des professions libérales à la Cipav.
À noter : la Cipav appliquait autrefois des cotisations de retraite forfaitaires. Les cotisations sont proportionnelles depuis le 1er janvier 2023.
- Revenus inférieurs à 46 368 € (montant du PASS) : le taux de vos cotisations de retraite complémentaire est de 9 %.
- Revenus compris entre 46 368 et 162 288 € (entre 1 et 3,5 PASS) : le taux de vos cotisations de retraite complémentaire est de 22 %.
Exemple de calcul des cotisations retraite des professionnels libéraux à la Cipav en 2024
Avec des revenus annuels d’un montant de 30 000 €, vous payez :
- Cotisations retraite de base : [30 000 € x (8,23 % + 1,87 %)] = 3 030 €.
- Cotisations retraite complémentaire Cipav : (30 000 € x 9 %) = 2 700 €.
- Total des cotisations retraite annuelles : 5 730 €.
Quelles sont les conditions de départ à la retraite ?
- Depuis la réforme des retraites en vigueur depuis septembre 2023, l’âge minimum légal de départ à la retraite est de 64 ans si vous êtes né après 1968. Si vous avez cotisé un nombre de trimestres suffisant, vous percevez votre retraite à taux plein. Dans le cas contraire, vous subissez une décote.
Si vous voulez bénéficier de votre retraite à taux plein, c’est-à-dire sans décote, vous avez deux alternatives :
- Atteindre l’âge légal du taux plein : 67 ans.
- Atteindre le nombre de trimestres suffisant. Il est compris entre 160 et 172 trimestres, selon votre année de naissance.
Selon votre régime de retraite complémentaire, d’autres conditions s’appliquent pour bénéficier de votre retraite à taux plein.
Le montant de la retraite des professions libérales
- Vous payez des cotisations de retraite proportionnelles à vos revenus.
- Vos cotisations annuelles sont converties en points, les points sont inscrits à votre compte
- Le montant de votre pension de retraite est calculé selon la formule suivante : nombre de points x valeur du point l’année de votre départ à la retraite = montant de votre pension de retraite annuelle.
Exemple : vous partez à la retraite en 2024, alors que vous avez cumulé un total de 20 000 points. En 2024, la valeur du point de retraite des professions libérales est de 0,6399. Si vous remplissez les conditions de la retraite à taux plein, vous percevez : (20 000 points x 0,6399) = 12 798 € par an.
Professions libérales : comment préparer sa transition vers la retraite ?
Le régime de retraite des professionnels libéraux est légèrement moins favorable que celui des salariés. Sachez en outre que plus vos revenus professionnels sont élevés, plus le rendement des points de retraite est faible. Pour éviter une baisse de revenus importante au moment de partir à la retraite, vous pouvez envisager :
- Des dispositifs d’épargne retraite tels que l’assurance-vie et le PER (plan d’épargne retraite).
- Le cumul emploi-retraite.
(1) Architecte, architecte d’intérieur, économiste de la construction, maître d’œuvre, géomètre-expert, ingénieur conseil, moniteur de ski, guide de haute montagne, accompagnateur de moyenne montagne, ostéopathe, psychologue, psychothérapeute, ergothérapeute, diététicien, chiropracteur, psychomotricien, artiste non affilié à la maison des artistes, expert en automobile, expert devant les tribunaux, mandataire judiciaire à la protection des majeurs, guide-conférencier
Par Sarah de Gouyon Matignon (Les Echos Publishing)