Girls clubs : où et comment réseauter quand on est entrepreneure

Préjugés, manque de financements, isolement… De nombreux freins subsistent dans les parcours d'entrepreneures.

« Les femmes ont bien entendu autant d'idées, de talent et d'ambition que leurs homologues masculins. Toutefois, en raison de biais culturels et sociaux persistants, elles rencontrent parfois davantage de difficultés à développer leur réseau professionnel », observe Natacha Brami, investisseuse en capital-risque chez Sistafund, un fonds d'investissement consacré à la promotion de start-up fondées par des femmes et des équipes paritaires.

Or, le réseau constitue une barrière à l'entrée significative : « On estime qu'un ou une entrepreneure introduit auprès d'un investisseur a 13 fois plus de chances d'obtenir un rendez-vous », reprend Natacha Brami.

Ces vingt dernières années, plusieurs structures en faveur de l'entrepreneuriat féminin ont germé : des réseaux, comme Femmes des territoires, Forces femmes et Action'elles, des incubateurs, comme Willa (anciennement Paris pionnières), Les Premières, ou encore des programmes créés par des entreprises tels que Connect Hers by BNP Paribas, She's Mercedes ou Femmes entrepreneuses d'Orange.

Complémentaires, ces initiatives sont une source de conseils, d'inspiration, de bonnes pratiques et accompagnent même parfois la créatrice d'entreprise dans sa recherche de financement. Pourtant, « les barrières psychologiques restent nombreuses, observe Margot Courty, directrice générale du réseau The Galion Project, qui compte 18 % de femmes sur environ 400 membres. Il faut les convaincre d'embarquer dans les réseaux sur le long terme, en créant un environnement où chacun et chacune se sent bien. »

Mixité ou non-mixité

Ces environnements propices aux échanges, certaines associations choisissent de les organiser en non-mixité. C'est par exemple le cas de Sista, association à l'origine du fonds d'investissement Sistafund. Chaque année, un à deux bootcamps d'entrepreneures sont organisés. « Pour certaines, évoluer dans un environnement exclusivement féminin favorise un sentiment de sécurité et de bienveillance. Cela peut renforcer leur confiance et faciliter les échanges, la prise de parole et la création de liens professionnels », observe Natacha Brami.

Si le modèle 100 % féminin est un levier puissant pour gagner en assurance et s'affirmer ensuite dans des regroupements non mixtes, celui-ci serait plutôt temporaire. « A mes yeux, l'objectif à long terme doit être d'évoluer vers une dynamique plus mixte. Il est essentiel que les hommes soient pleinement impliqués, d'autant plus qu'ils sont de plus en plus nombreux à s'engager sur ces sujets, qui les concernent tout autant », reprend l'investisseuse.

De son côté, The Galion Project propose des rencontres mixtes et non mixtes, selon les objectifs. Par exemple, les formats entre femmes sont particulièrement propices à la découverte de parcours inspirants, pouvant devenir des modèles pour de jeunes entrepreneures. « Ces récits sont passionnants lorsque l'on se lance dans une aventure entrepreneuriale, souligne Margot Courty. Cependant, il faut bouger les lignes dès le plus jeune âge et expliquer aux petites filles qu'elles ont leur place pour concevoir les innovations qui façonneront le monde de demain ! » The Galion Project comme Sista songe actuellement à programmer des interventions dans le milieu scolaire.

Même avec un réseau bien établi, les financements ne suivent pas toujours. Le fonds d'investissement Sistafund tente de redresser la barre en finançant exclusivement des projets fondés ou cofondés par des femmes. En France, l'association Femmes Business Angels réunit 170 femmes qui financent des jeunes entreprises créées par des femmes et/ou des hommes.

Les Echos Entrepreneurs.Par Jeanne Bigot. Publié le 29 avril 2025.