17/12/2020
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Cet ancien manager se lance dans l'entrepreneuriat en créant une poissonnerie

En août 2019, Romain Kolossy a ouvert sa poissonnerie dans le 15e arrondissement de Paris. Pourtant, rien ne destinait ce quadra à se lancer dans l’entrepreneuriat ni même dans le commerce de bouche. Récit d'une reconversion menée tambour battant. 

Un parcours d’entrepreneur hors des sentiers battus

De directeur d'un grand magasin d'électroménager à artisan poissonnier ! C’est le virage à 180 degrés opéré par Romain Kolossy, après vingt ans d’expériences professionnelles diverses et variées. « J’ai fait l’école hôtelière d’Étiolles (91) et après quelques extras chez des traiteurs de renom, je suis entré chez une grande enseigne d'électroménager en 1997 comme vendeur. J’ai gravi les échelons un à un, pour finir dix ans plus tard directeur de magasins, à Fresnes (94) puis à Sainte-Geneviève-des-Bois (91). » 

Malgré ce beau début de carrière, Romain Kolossy sent que le vent tourne chez l'enseigne d'électroménager qui l'emploie, et que l’entreprise, jusqu’alors familiale, est en train de changer de cap. « Je ne me reconnaissais plus vraiment dans les pratiques commerciales ni dans le management. J’avais besoin de faire autre chose, quelque chose de plus concret. » Un ami, poissonnier sur les marchés parisiens, lui propose de le rejoindre. « Je n’ai pas hésité une seconde : l’affaire était familiale depuis plusieurs générations et avait une belle renommée. Le métier était certes très différent, mais j’aime le terrain, j’avais déjà travaillé le poisson à l’école hôtelière et j’étais habitué aux amplitudes horaires à rallonge. Cela ne m’a pas fait peur. » Mais ça aurait pu : pendant dix ans, en tant que poissonnier, Romain Kolossy s’est en effet levé 5 jours par semaine à 3 heures du matin, la fleur au fusil. Montage des stands, matinées dans le froid, mains dans la glace.… sa vie de poissonnier nomade l’a comblé. « C’était bel et bien ma vocation, mais les relations avec mes patrons se sont dégradées sur la fin. J’ai décidé de partir, avec cette fois-ci, la ferme envie de créer ma propre affaire. Dans le poisson, bien évidemment. »

Monter son entreprise : un local et un financement en moins de dix jours

Pour concrétiser son projet de poissonnerie, Romain Kolossy veut aller vite, mais il prend soin de ne pas brûler les étapes. « D’abord, il me fallait un local, et ensuite, l’assurance de pouvoir le financer. J’ai mené les deux opérations de front. »
En épluchant les annonces immobilières, il tombe sur le fonds de commerce d’une poissonnerie. « Le magasin était à vendre : il était vieillot, mais l’emplacement, dans un angle de la rue de Lourmel, en plein cœur du 15e arrondissement de Paris, était exceptionnel, avec un flux élevé de clientèle, plusieurs commerces de bouche à proximité et un beau potentiel de développement. » Sans tarder, il prend contact avec sa conseillère bancaire chez BNP Paribas

« Je n’avais pas beaucoup d’apport personnel (NDLR : 15 000 euros), mais devant le potentiel du projet de création, j’ai pu obtenir un crédit de 450 000 euros, garanti par Bpifrance. » 

En moins de dix jours, il décroche le Graal : un toit et un engagement de financement.

Côté obligations professionnelles, pour s’installer en tant qu’artisan

  • Romain Kolossy fait valoir ses dix ans d’expérience en tant que poissonnier (NDLR : il faut soit un diplôme d’état type CAP, soit un minimum de trois ans d’exercice du métier pour pouvoir créer une entreprise artisanale).
  • Pour parfaire ses connaissances comptables et juridiques, il suit le stage de préparation à l'installation (SPI) de la chambre de métiers et de l’artisanat du 12e arrondissement de Paris (ce stage n’a plus de caractère obligatoire depuis mi-2019). 
  • Il immatricule sa SARL en juin 2019 et après deux mois de gros travaux, ouvre son affaire, la Poissonnerie Lourmel, fin août.

Ouvrir une poissonnerie : est-ce rentable?

Un an et demi après le lancement de sa poissonnerie, Romain Kolossy ne regrette rien. « Je dors même mieux qu’avant », plaisante-t-il. L’affaire, avec un salarié à temps plein, tourne rond : l’objectif sur le prévisionnel a été atteint dès la première année. « Je me verse un salaire depuis le premier jour. C’était d’ailleurs l’une des deux conditions de départ : je voulais non seulement gagner correctement ma vie en tant que poissonnier, mais aussi pouvoir prendre 5 semaines de vacances par an », ajoute ce père de deux enfants, qui a réussi son pari. « Tenir un commerce, ce n’est pas compliqué financièrement : on achète la marchandise et on la revend plus cher. C’est le B.A.-ba. En revanche, il faut être courageux, prêt à se lever tous les jours à l’aube pour aller à Rungis, fermer à 20 h le soir et travailler 6 jours sur 7 », poursuit-il. « Chez nous, les repas de famille et entre amis, c’est le dimanche soir, car la poissonnerie est fermée le lundi. Je vis en décalé, mais c’est le prix à payer pour tous les artisans commerçants », reconnaît Romain, qui n’hésite pas à demander à ses deux grands enfants et à son épouse de l’aider à gérer la poissonnerie en période de rush. « Quand on a 250 plateaux de fruits de mer à préparer lors des fêtes de fin d’année, tout le monde s’y colle ! » Une question de principe, mais aussi de solidarité familiale.

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