Création d'entreprise pendant la crise : une entrepreneure a transformé la situation en opportunité
Herminie Lenoir a créé son entreprise, Mon Panier du Pithiverais, en mars 2020, en plein confinement. Loin d’être abattue, l’entrepreneure a su transformer cette situation en opportunité, en profitant de l’engouement des Français pour les produits locaux. Portrait.
Herminie Lenoir se souvient parfaitement de la panique qui l’a envahie le soir du jeudi 12 mars 2020, à l’annonce de la fermeture des écoles, augurant le confinement à venir. « J’étais à un apéro entrepreneurs, nous sommes tous tombés sous le choc. J’ai reçu un vrai coup de massue, car au-delà de l’angoisse provoquée par la situation, je venais tout juste d’immatriculer mon entreprise quinze jours auparavant, le 1er mars. » Cette quadra, ex-chargée de communication dans un média de la Région Centre, avait ficelé dans les moindres détails son projet de vente en ligne et livraison de produits du terroir. « J’avais suivi le stage 5 jours pour entreprendre de la CCI (Chambre de Commerce et d’Industrie) et j’étais accompagnée par le réseau BGE Loiret (ex-Boutiques de GEstion) depuis décembre 2019. Cet organisme, qui a des antennes régionales partout en France, aide les créateurs à monter leur projet en les conseillant à toutes les étapes. » Tout était fin prêt et réfléchi :
- la forme juridique, une EIRL, pour mettre à l’abri son patrimoine ;
- le business plan, avec des prévisionnels de chiffre d’affaires réalistes ;
- le financement, avec l’obtention d’un prêt à taux zéro de 3 000 euros accordé par France Active, pour financer, en partie, son véhicule de livraison.
« Cela faisait six mois que je travaillais sur le projet. Le réseau BGE m’a aidée pour la partie théorique et m’a mise en contact avec tout l’écosystème régional. Mon conseiller BGE m’a parlé des aides de Pôle emploi dont je pouvais bénéficier et des prêts proposés par France Active pour créer ma boîte. En parallèle, il m’a épaulée au fil des semaines dans le lancement de l’activité : construction du site Internet, démarchage des producteurs locaux pour bâtir mon offre de produits… Je n’avais plus qu’à lancer officiellement l’entreprise », se remémore Herminie Lenoir. Sauf que le confinement est intervenu !
Démarrage de l’entreprise en fanfare
D’abord abasourdie, puis rapidement submergée par l’organisation familiale avec ses deux enfants, elle laisse passer quinze jours. Jusqu’à un appel téléphonique salutaire. « J’ai pris des nouvelles de l’un des producteurs avec qui j’étais en contact. Il était débordé par les demandes de clients qui lui commandaient des paniers de fruits et de légumes, des produits laitiers, de la viande… J’en ai appelé d’autres dans la foulée : tous m’ont tenu le même discours et m’ont encouragée à lancer mon entreprise sans attendre. » Grâce au bouche-à-oreille, le site Mon Panier du Pithiverais a démarré sur les chapeaux de roue. « Entre les commandes et les livraisons, c’était de la folie ! Forte de mes 250 références produits, j’ai vécu des moments intenses, j’étais entièrement mobilisée, sans temps mort, avec des dizaines de commandes à honorer», confie Herminie Lenoir. Le nez dans le guidon, elle vit cette période à 200 à l’heure, néanmoins consciente de s’être positionnée sur le bon créneau au bon moment. « Ce n’est malheureusement pas le cas pour tous les créateurs. Dans l’événementiel, par exemple, c’est une catastrophe. Je me dis souvent que j’ai de la chance ! »
Un optimisme à toute épreuve
Aujourd’hui, l’activité de l’entreprise est plus calme, elle suit son cours comme prévu initialement. « Le soufflé est un peu retombé après le déconfinement. Mais j’ai acquis une vraie légitimité et j’ai des clients fidèles. Je suis par ailleurs persuadée que je surfe sur une tendance de fond et que j’offre un service de proximité, utile. Les Français ont changé leur mode de consommation, ils sont devenus plus sensibles aux circuits courts, c’est une véritable opportunité à saisir. » Herminie Lenoir poursuit sa stratégie de développement et évolue tranquillement sur les conseils de BGE :
- elle a élargi son offre aux entreprises,
- renforcé sa communication sur les réseaux sociaux,
- étoffé sa gamme avec des produits frais,
- et elle réfléchit à présent à une offre de parrainage pour ses clients.
« J’attends la possibilité de participer à des salons ou des marchés du terroir. C’est un peu compliqué de planifier ce genre d’événements en ce moment, mais je suis optimiste, et surtout, sur les bons rails », positive la jeune femme, qui ne vit pas encore de son activité. Par prudence, elle réinjecte tous ses bénéfices dans l’entreprise. « Ayant été licenciée, je touche des indemnités de Pôle emploi, j’ai encore une année de droits au chômage devant moi. Même si c’est un petit revenu, il me permet de vivre le temps que l’activité décolle vraiment, conclut Herminie Lenoir, qui ne regrette absolument pas sa reconversion. Je n’avais plus de perspectives d’évolution dans mon ancien poste, et surtout, je voulais m’investir dans un projet de création d’entreprise faisant sens, ancré dans mon territoire, avec une mission de service. » Le contexte l’a finalement plutôt bien aidée.