12/02/2021
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Elle a créé une entreprise sociale et solidaire

En mars 2020, Anne-Sophie Thomas a lancé Gestia Solidaire, une agence immobilière responsable. Elle revient sur son parcours et les étapes de la création de son entreprise. Portait d’une entrepreneure engagée.

Faire de l’immobilier autrement, de façon inclusive et responsable ! Tel est l’audacieux pari d’Anne-Sophie Thomas, cofondatrice en mars 2020 de Gestia Solidaire à Lyon. Son concept ? D’un côté, conseiller les particuliers propriétaires pour qu’ils bénéficient de déductions fiscales (NDLR : comme par exemple dans le cadre de la loi Cosse, qui permet de déduire 30 à 70 % de ses revenus locatifs imposables) et proposent leurs biens à des prix abordables. De l’autre, permettre à des personnes fragilisées – étudiants, actifs en contrat précaire ou familles monoparentales – d’accéder à des logements à loyers réduits. « Le “mal-logement” ne concerne pas que les personnes sans domicile fixe ; il y a aussi des salariés, aux revenus limités. Solvables, mais jugés trop à risque, ils sont exclus du marché immobilier privé. Ces invisibles sont environ 6 millions en France », estime la jeune entrepreneuse de 30 ans.

Le droit au logement pour tous

Cette idée n’est pas le fruit du hasard, elle est née d’une réflexion nourrie et de plusieurs années d’expériences. « J’ai travaillé cinq ans en tant que responsable administratif, juridique et comptable dans une entreprise sociale et solidaire qui crée, finance et gère des espaces de bureaux et des commerces à loyers modérés. Puis, en 2017, je suis partie au Québec faire un MBA en économie urbaine et gestion immobilière. J’y ai rédigé une thèse sur “L’impact des politiques publiques sur le prix des loyers en France”, et j’ai vraiment pris conscience de la problématique du mal-logement. C’est là que j’ai décidé d’agir et de me lancer dans l’économie sociale et solidaire avec un projet d’agence immobilière responsable, plus humaine, garantissant l’accès au logement pour tous et permettant aux propriétaires de donner du sens à leur investissement locatif. »

Création d’une entreprise sociale et solidaire :six mois de préparation

De retour en France en 2019, elle imagine son concept d’entreprise sociale, étape par étape. « J’avais besoin d’un accompagnement solide, à la fois pour la construction du projet, son volet digital et sa mission sociale. J’ai successivement rejoint plusieurs réseaux, avant de lancer officiellement l’entreprise

Tout cet écosystème que j’ai côtoyé pendant plus de six mois, m’a permis de gagner du temps, de tisser un réseau local et de partir sur les bonnes bases. » Préparée, formée et armée, Anne-Sophie Thomas obtient un prêt participatif de 20 000 euros de Rhône Développement Initiative (réseau France Active) et un prêt bancaire de 35 000 euros de BNP Paribas. « Nous avions besoin de financement pour digitaliser nos services en ligne. Grâce aux outils numériques, les bailleurs privés peuvent par exemple sélectionner leurs futurs locataires, se faire conseiller sur la partie juridique, la meilleure optimisation fiscale... ».
Gestia Solidaire propose différentes formules aux propriétaires : de l’accompagnement-défiscalisation sans gestion locative (à partir de 600 euros), au pack tout inclus, qui offre l’accompagnement et la gestion (facturé  8,9 % des loyers et charges encaissés, frais déductibles par le bailleur de ses revenus locatifs).

Un développement en réseau

Neuf mois après le lancement de son entreprise, Anne-Sophie Thomas ne cache pas ses ambitions. « Le business est bien engagé. Nous avons 80 biens en gestion immobilière. C’est un bon départ, sans doute porté par l’essor de la solidarité due à la crise sanitaire. » L’année 2021 marquera un nouvel élan pour la start-up : en avril, Anne-Sophie Thomas fera une demande d’agrément Entreprise solidaire d’utilité sociale (ESUS). « Cela nous permettra d’accéder à de nouvelles aides, notamment aux dispositifs de financement d’épargne solidaire. » Cela aidera aussi à attirer des investisseurs, qui, en échange d’une prise de participation, peuvent bénéficier de réductions d’impôts dans le cadre des dispositifs Madelin. « À terme, nous souhaitons dupliquer le modèle dans d’autres villes et ouvrir un réseau d’agences dans les grandes métropoles », indique la jeune femme entrepreneure. Marseille, Lille et Paris, sont sur les rangs !

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