09/12/2021

Ces cadres salariés poussés par la Covid-19 vers l'entrepreneuriat

Avec la crise sanitaire, le volume d’offres d’emploi a connu une baisse significative. Une situation qui incite certains cadres à regarder du côté de l'entrepreneuriat, synonyme de flexibilité et de liberté, mais aussi d'un nouveau défis professionnel. 

2021 aura été l’année d’un nouveau record pour le monde du travail : celui de l’explosion de l’auto-entrepreneuriat ! Selon l'Urssaf, notre pays compte désormais 2 millions d'auto-entrepreneurs. Rien qu'en 2020, 547 900 Français se sont mis à leur compte, ce qui constitue 65% du nombre total de création d'entreprises, selon l'Insee.

Dans cet article, nous nous demanderons : 

  • pourquoi l’entrepreneuriat a-t-il progressé ces derniers mois ;
  • pourquoi est-il intéressant de se lancer dans l'entrepreneuriat ;
  • quel statut privilégier lors de la création de son entreprise ;
  • comment avoir la bonne idée avant de créer son entreprise ; 
  • comment donner sa démission à son employeur quand on lance sa propre entreprise ; 
  • quelles sont les aides à la création d'entreprise  ;
  • quels sont nos conseils d'entrepreneuriat ? ARE et la création d’entreprise ;

Pourquoi l’auto-entrepreneuriat a-t-il progressé ces derniers mois ? 

La crise sanitaire y est pour beaucoup : 

  • d'une part, car elle a mécaniquement réduit le nombre d'emplois du fait de son impact sur les entreprises : croissance en berne, PIB en chute libre de 8%... Les indicateurs dans le rouge ont fortement pénalisé les recrutements. En 2020 comme en 2021, les plans sociaux se sont succédé à un rythme effréné. Autre chiffre inquiétant : selon Pôle Emploi, la France compte actuellement 5 688 700 chômeurs. 
     
  • d'autre part, la pandémie pourrait encore aggraver la situation dans les mois qui viennent. À ce titre, la société Euler Hermès prévoyait en 2020, dans une étude sur l'évolution du risque d'impayés en France et dans le monde, une hausse de 35% des défaillances en 2021. Si ces faillites ne se sont pas encore concrétisées du fait du maintien des aides de l'État, c'est une épée de Damoclès qui pèse sur la tête d'un grand nombre de salariés français. 
     
  • enfin, les différents confinements, l'anxiété provoquée par la circulation du virus et la montée en puissance du télétravail ont donné de nouvelles envies à un grand nombre de cadres... Une existence plus équilibrée entre vie personnelle et professionnelle, une meilleure maîtrise de leur temps et la possibilité de faire leurs propres choix, sans contrainte hiérarchique. Un vent de liberté qui souffle sur le monde du travail et gonfle les voiles de l'entrepreneuriat.

Pourquoi se lancer dans l'entrepreneuriat ?

C'est certainement la toute première question que doit se poser toute personne souhaitant devenir travailleur indépendant. Le statut d'auto-entrepreneur présente de nombreux avantages par rapport à celui de salarié mais n'est pas dénué d'inconvénients. Créer son activité peut être une aventure passionnante comme une galère sans fin. 
 
Néanmoins, les facteurs socio-psychologiques qui peuvent expliquer le succès de ce statut sont nombreux :

- être le propre acteur de sa réussite
- gérer son temps
- ne plus dépendre d’une hiérarchie
- être libre de ses choix
- pouvoir travailler à domicile
- pouvoir choisir ses clients et ses collaborateurs
- sortir d'une impasse professionnelle
- concrétiser une vocation
- mieux équilibrer vie personnelle et professionnelle
 
Si l’entrepreneuriat est souvent perçu comme une alternative au chômage, il représente aussi un levier d'épanouissement personnel et l'opportunité de changer de cap. 

Alexandre Sors, en poste dans l'événementiel avant la crise sanitaire, a pris ce chemin en créant, avec plusieurs associés, la guinguette Les Nantais : "Après quinze ans passés dans l'événementiel, je suis arrivé à Nantes en 2019 pour occuper le poste de Directeur Commercial d'ExpoNantes, le parc d'expositions de la ville. Et puis la crise sanitaire est arrivée et les événements ont été annulés. Je ne souhaitais pas attendre que la situation redevienne normale pour agir. Avec trois associés, nous avons créé les Nantais, une guinguette "streefood" à mi-chemin entre restauration et événementiel. La pandémie m'a orienté vers ce choix car il s'agissait de pouvoir rebondir plus loin à plusieurs, mais je souhaitais me lancer dans l'entrepreneuriat depuis longtemps ".
 
Que vous soyez salarié ou à la recherche d'un emploi, les portes de l'entrepreneuriat vous sont donc grandes ouvertes ; à condition de faire les bons choix.

Le choix du statut lors de la création d'entreprise 

Société par Action Simplifiée (SAS) ? Régime de la micro-entreprise ? Entreprise unipersonnelle à responsabilité limitée (EURL) ? Entrepreneur individuel à responsabilité limitée (EIRL) ?

Avant de vous lancer, le choix du statut juridique de votre activité est une étape importante que vous ne devez surtout pas négliger. Ce choix doit déterminer le régime fiscal et le statut social de dirigeant les plus appropriés à votre projet en fonction de sa nature et de ses perspectives de développement. 
 
Vous pouvez bien évidemment opter pour le régime des auto-entrepreneurs, dit régime micro-entreprises, qui présente de nombreux avantages, notamment : 

  • un régime fiscal simplifié, sans obligation de tenir un livre de comptes, ni de produire des comptes annuels, 
  • et un abattement forfaitaire automatique pour le calcul de l'imposition, ainsi que des charges réduites.... 

Mais en réalité, tout dépend de la nature de votre projet. 
 
Alexandre Sors a par exemple opté pour la SAS : “Cela me donnait la possibilité d'avoir des ARE (Aides au Retour à l’Emploi) le plus longtemps et dans les meilleures conditions possibles. En outre, comme j'ai des associés, l'idée était d'avoir une structure juridiquement simple qui permette, à l'occasion, d'embaucher différents statuts, stagiaires, alternants, CDD..."
 
À noter que le choix du statut juridique a une incidence fiscale. Les bénéfices réalisés par les entreprises individuelles sont obligatoirement imposés à l’impôt sur le revenu,
ceux réalisés par une EURL ou une EIRL peuvent, dans certains cas, être soumis à l’impôt sur les sociétés. 

Comment avoir une bonne idée pour créer son entreprise ?

Pas besoin de trouver l'idée qui fera de vous le prochain Bill Gates, mais simplement celle qui correspond à la fois à ce que vous avez envie de faire et aux contraintes du marché. La bonne idée, c'est celle qui fait le lien entre votre désir d'entreprendre et vos futurs débouchés commerciaux. Dès lors, comment la trouver ? 
 
Pour y parvenir, vous pouvez mettre en place une méthodologie en plusieurs points :

  • Conservez la même activité mais en tant qu’auto-entrepreneur : dans votre vie de salarié, vous aviez un savoir-faire. Pourquoi ne pas faire la même chose qu'avant mais en étant indépendant ? Vous partirez avec deux avantages certains, ceux de la compétence et de la crédibilité. 

 

  • Regardez autour de vous : d'autres ont décidé de suivre le même chemin que vous en lançant un concept qui fonctionne. Rien ne vous empêche de vous inspirer de leur idée.
     
  • Passez au crible les différents secteurs : regardez où se situent les besoins des consommateurs, où se trouvent les opportunités de développement et comment évoluent les marchés. Vous y trouverez des idées, des besoins émergents, etc… 
     
  • Faites un travail d'introspection : finalement, que voulez-vous réellement faire ? Quelle est votre passion secrète ? Votre vocation ? 
     

Une fois que vous aurez identifié la bonne idée, il faudra néanmoins que vous fassiez une étude de marché, condition sine qua non pour vous assurer que votre affaire marchera et que vous ne fermerez pas boutique dans six mois. 
 
C’est ce qu’a fait Alexandre Sors avant de se lancer : "Pour les Nantais, nous avons élaboré un business plan qui mixait restauration et événementiel car le projet recoupait ces deux activités. Nous avons adopté une approche comptable en nous assurant qu'il y avait une clientèle suffisante pour garantir la pérennité du projet. Nous avions une version Excel que nous avions faite nous-mêmes sur les bases d'un travail effectué par des restaurateurs accompagnés de comptables. Nous l'avons confronté à notre comptable spécialisé en restauration. Du coup, la démarche était encore plus aboutie. Tous les voyants étaient au vert pour lancer Les Nantais".
 
Si vous ne souhaitez pas suivre ces étapes, vous pouvez tout simplement reprendre une affaire existante. Chaque année, de nombreux fondateurs d'entreprise décident de passer la main, soit parce qu'ils partent à la retraite, soit parce qu'ils veulent se lancer dans un nouveau challenge. Les sites du CRA (Cédants et Repreneurs d’Affaires) et de la Fusacq, place de marché dédiée aux Fusions Acquisitions et à la reprise transmission recensent l'ensemble des offres existantes, en fonction des métiers, secteurs, et régions, dont certaines concernent les auto-entrepreneurs. 

La démission pour création d'entreprise

Depuis le 1er novembre 2019 et l'entrée en vigueur de la réforme du chômage, vous pouvez démissionner pour créer une entreprise et bénéficier du versement des allocations chômage. Cela vaut pour les salariés souhaitant devenir auto-entrepreneurs. En revanche, il faut nécessairement être en CDI et avoir travaillé en continu pendant cinq ans pour y bénéficier. La mesure ne concerne pas les CDD.  Attention, vous devrez respecter un délai de préavis. 
 
A l’issue de cette période, il vous faudra demander un conseil en évolution professionnelle auprès de Cap emploi ou de l’APEC (Association pour l’emploi des cadres) et solliciter une attestation du caractère réel et sérieux de votre projet de création d'entreprise auprès de la CPIR (Commission Paritaire Interprofessionnelle Régionale, ex-Fongecif) pour pouvoir être indemnisé. Il est impératif de mettre en œuvre son projet professionnel dans les 6 mois qui suivent l'ouverture du droit à l'allocation par Pôle Emploi, sans quoi celles-ci pourront être suspendues. 

L’ARE et la création d'entreprise

Si vous êtes au chômage, vous pouvez bénéficier sous certaines conditions de l'Aide au Retour à l'Emploi (ARE) pour lancer votre activité d'auto-entrepreneur. Cette aide est calculée sur la base de l’ARE mensuelle que le demandeur d’emploi aurait reçu s’il n’avait pas recommencé à travailler, à laquelle on soustrait 70% des revenus générés par la nouvelle activité non salariée. Le montant de l'aide ne peut pas dépasser le salaire journalier de référence (SJR). 
 
Pour y prétendre, vous devez : 

- Remplir l’ensemble des conditions d’attribution de l’ARE
- Etre inscrit à Pôle emploi comme demandeur d’emploi
- Ne pas avoir dépassé la durée de vos droits d'indemnisation chômage

"Je suis parti d'ExpoNantes en négociant une rupture conventionnelle pour pouvoir bénéficier des ARE et avoir du temps pour développer mon projet. C'est un point important auquel il faut penser quand on veut se lancer dans l'entrepreneuriat. Par ailleurs, j'ai pu bénéficier des aides exceptionnelles d’urgence mises en place par l'Etat pour faire face à la crise de la Covid car j'étais également associé dans deux autres projets, eux aussi en SAS, ce qui m'a permis d'avoir une marge de manœuvre budgétaire pour lancer Les Nantais."
 
À noter que pour pouvoir obtenir l’ARE ; si vous avez déjà commencé à travailler en tant qu'auto-entrepreneur, vous devrez continuer à vous actualiser chaque mois auprès de Pôle emploi en déclarant vos revenus.

Par ailleurs, il est possible de bénéficier d'une aide complémentaire, toujours sous certaines conditions.

L’ACRE (Aide aux chômeurs créateurs d’entreprise) correspond à 45% du montant de l’ARE et est versé en deux fois :  

-    une première fois lorsque la nouvelle activité débute, 
-    puis six mois après. 


Pour être éligible, le prétendant à l'allocation doit justifier de la création de son entreprise, en produisant un justificatif, comme un extrait Kbis ou une immatriculation au registre des Métiers. 

Conseil en entrepreneuriat : ce qu'il faut retenir 

En France, le statut d’auto-entrepreneur est très facilement accessible. Les formalités sont réduites au strict minimum et se font sur internet. Aucun apport de capital n'est demandé, aucune qualification professionnelle n'est requise, pas de dîplomes et les charges sont très faibles.

Alexandre Sors a profité du contexte pour se lancer : "Nous voulions transformer la contrainte de la crise sanitaire en opportunité.  Et ça a été le cas. En temps normal, je ne pense pas que la collectivité territoriale nous aurait donné son feu vert aussi rapidement.... Nous avons présenté le projet en décembre 2020, nous avons eu le go en avril 2021 et nous avons ouvert le 14 juillet. Ce sont des délais très rapides."
 
Si la pandémie a donné un coup de fouet à l'entrepreneuriat, il ne faut cependant pas perdre de vue qu'il est essentiel de bien définir son projet et la compatibilité de celui-ci avec le marché. " Il faut avoir une bonne idée mais il faut nécessairement aussi faire un business plan pour savoir s’il y a une demande. Et il faut pouvoir s'entourer d’associés et de prestataires extérieurs de qualité, notamment comptables et juridiques." conclut Alexandre Sors.  Une chose est certaine, l'entrepreneuriat a de beaux jours devant lui ! 
 


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