11/05/2021
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La crise, une opportunité pour entreprendre ?

Entreprendre dans un contexte économique au ralenti peut représenter un défi majeur. Les temps troublés que nous vivons actuellement peuvent paradoxalement offrir des opportunités à saisir pour se lancer dans l’aventure entrepreneuriale. Nous vous donnons les clés pour réussir votre projet professionnel dans un contexte de crise. 

Selon le dernier “Baromètre annuel de l’envie d’entreprendre des Français” réalisé par Opinion Way, 21% des Français disent avoir envie de créer une entreprise, d’en reprendre une ou de travailler à leur compte en 2021. Une envie d’entreprendre toujours prégnante malgré une incertitude et une instabilité qui persistent depuis le début de la pandémie de la Covid-19. Pourquoi créer une entreprise en temps de crise ? Comment convaincre les investisseurs ? Voici les 7 raisons de créer votre entreprise en temps de crise.

La crise, un défi pour les entrepreneurs 

La crise sanitaire et économique que nous traversons a remis en cause nos habitudes de consommation, notre manière de travailler et nos besoins prioritaires. Les changements de comportements ont fait naître de nouveaux produits et services. Ainsi, la crise peut représenter une bonne opportunité pour les entrepreneurs qui veulent répondre à ces nouveaux défis. 

Par exemple, le déploiement des outils numériques a bénéficié à Guillaume Jacquemart, cofondateur d’Explor Visit, application de visites culturelles virtuelles, lancée en mars 2020 : « Nous offrons une solution de visites guidées à distance. Cet outil innovant combine les avantages de la visite virtuelle (disponibilité 24/7, immersion, enrichissement multimédia) avec ceux de la visioconférence (médiation humaine, interaction en direct) ». Il poursuit : « Notre volonté est de mettre en relation les institutions culturelles et le grand public. Notre positionnement, c’est de se dire que les nouvelles technologies et les visites virtuelles qui ont fleuri sont une opportunité pour engager les publics éloignés et empêchés. On peut considérer qu’on a bénéficié de la crise car on a étendu notre projet au grand public en facilitant l’accès à la visite guidée virtuelle ». Pour Explor Visit, « la crise a été un accélérateur au lieu d’être un frein ». 

Pendant la crise et alors que l’avenir est incertain, il n’est pas rare qu’une partie de la population se replie sur elle-même tandis que l’autre éprouve l’envie de se prendre en main, saisissant le contexte de crise pour tenter de se dépasser et de se lancer dans de nouveaux projets. 

Des créations d’entreprise en hausse

De son côté, Alexandre Lacaille s’est retrouvé « face au mur de la crise » : « Il n’y avait aucune perspective d’embauche dans la société où j’ai travaillé deux ans en alternance, car les embauches ont été gelées. Alors j’ai décidé de créer mon propre emploi ». Ce qui donne naissance à Ginkimo : « Notre volonté, c’est de rendre l’investissement locatif simple et rentable en proposant un service clés en main. Ginkimo s’occupe de tout, de la recherche du bien jusqu’à la mise en location en passant par l’aménagement, la rénovation et la décoration », précise le jeune entrepreneur.  

Il constate que les frais de démarrage (la réalisation de tous les investissements nécessaires à l’exercice de l’activité, les dépenses en communication et les frais liés aux premiers recrutements) de sa jeune entreprise ont été moins importants pendant la crise : « J’ai démarré ma société avec peu de moyens. Je me suis entouré de personnes qui avaient de l’expertise dans des domaines que je ne maîtrisais pas ». Il souligne aussi une certaine solidarité née pendant cette crise économique : « J’ai créé le site internet de ma société avec un de mes meilleurs amis, dans mon ancienne chambre d’adolescent. Après sept jours de travail intense, on a réussi ! J’ai pu constater qu’en sollicitant mon réseau, mon entourage ou d’autres entrepreneurs, j'avançais beaucoup mieux. » 

Des fonds publics pour soutenir la création d’entreprise

Autre aspect qui permet de lancer son projet : les aides de l’État, les subventions locales ou encore les aides de Bpifrance : Les organismes mettent à la disposition des entreprises des crédits, des garanties, des fonds propres, propose du conseil et de la mise en réseau aux start-ups, PME et ETI. Alexandre Lacaille témoigne : « J’ai bénéficié d’un dispositif d’aide de l’État, l’ARCE [aide à la reprise et à la création d'entreprise versée par Pôle emploi qui consiste à recevoir ses allocations chômage sous la forme de capital, ndlr ? ], qui m’a permis d’avoir des fonds pour créer ma société. » 

Voir article : Aides auto-entrepreneur en temps de Covid – Blog | #LancezVous

En plus de ces différentes aides, les nouveaux entrepreneurs peuvent bénéficier d’accompagnements divers : mentorat d’entreprise, réseaux d'accompagnement à la création d'entreprise comme les chambres de commerce et d'industrie (CCI), les chambres des métiers ou encore France Initiative. Nos façons de travailler évoluant au gré des normes et contraintes sanitaires, l’endroit où nous travaillons est aussi amené à changer. Afin d’être entouré de personnes qui sont confrontés au le même défi, les jeunes entrepreneurs peuvent intégrer un incubateur ou travailler dans des espaces de coworking. Par exemple, Explor Visit a élu domicile au sein de l'incubateur Creatis : « Nous avons des bureaux partagés et nous avons la chance de travailler dans le domaine du virtuel, où beaucoup de choses se font à distance. Il faut aujourd’hui prendre en compte ce modèle de travail hybride. Nos bureaux sont un port d’attache pour créer un esprit d’équipe. » 

Business plan : un projet viable en temps de crise a de grandes chances de le rester après la tempête

De manière générale, construire un plan de financement n’est pas chose aisée. Alors dans un contexte de crise, estimer la rentabilité de son projet, anticiper ses dépenses et déterminer les évolutions financières et commerciales de l’entreprise peut faire peur aux nouveaux entrepreneurs. Pour le cofondateur d’Explor Visit, le réalisme est une valeur clé : « Les difficultés liées à la crise sanitaire agissent comme un frein à tout excès d’optimisme. Si vous présentez un projet viable en temps de crise, il y a de grandes chances qu’il le soit après la tempête ». Et de poursuivre : « Il faut se focaliser sur le besoin et sur le changement des mentalités. Il est difficile de faire des prévisions mais il ne faut pas tirer de plan sur la comète. La clé est d’être réaliste, d’avoir une modélisation plutôt conservatrice. Tout en montrant des objectifs qui prouvent la qualité de votre projet entrepreneurial. »

Pour le fondateur de Ginkimo, la vision à long-terme est un atout majeur : « Concrètement, je me suis dit que si j’arrivais à développer ma société en période de crise, je n’aurais aucun problème pour la suite. Aujourd’hui, c’est un pari gagné », souligne Alexandre Lacaille. Un avis partagé par Guillaume Jacquemart : « Il faut beaucoup de résilience et de capacité de projection. Il faut créer un business model pensé pour fonctionner après la crise. Il ne faut pas avoir de vision court-termiste, ce modèle va perdurer. Il est essentiel de trouver sa clientèle au-delà de cette crise. »

Voir article : « Business plan : définir ses besoins de financement »

Une baisse de la concurrence due à la crise de la Covid-19

Il est à noter que certains marchés sont moins concurrentiels en période de récession. Ainsi, les secteurs de l’agro-alimentaire, du transport et la logistique, les activités immobilières, e-santé, tech et e-commerce sont considérés comme les secteurs les moins perturbés par la crise sanitaire. Une raison de plus pour se lancer.

Outre la création, cette période offre des opportunités pour reprendre une entreprise. En effet, la crise économique a fait baisser la valeur de cession des entreprises dans certains secteurs de l’économie. 

Voir article : « Comment reprendre une entreprise en 6 étapes ? »

Le repreneur doit tout de même prendre en compte les aspects suivants : les problèmes de trésorerie pour la plupart des entreprises et les défauts de paiement à solutionner rapidement. Il faut disposer d'un financement suffisant, que ce soit pour l’acquisition ou la trésorerie. Aussi, certaines entreprises peuvent rester friables et attendre une reprise significative de la croissance avant de lancer un nouveau produit et service ou même retarder complètement le lancement de leur projet. Ce qui rend les marchés moins concurrentiels et offre une opportunité pour se faire connaître rapidement. 

Le montant des fonds d’investissement en hausse malgré la crise 

On pourrait croire que la crise économique entraîne une certaine frilosité chez les investisseurs. Pourtant, selon le baromètre EY du capital risque en France, le montant total des fonds levés par les startups a progressé de 7% par rapport à 2019, pour s'établir à 5,39 milliards d'euros. Et c’est un record. Pour une jeune entreprise, la relation avec les investisseurs est décisive. Pour les convaincre, vous devez prouver la solidité de votre business model et de votre stratégie. Un constat partagé par Guillaume Jacquemart, à la tête d’Explor Visit : « Notre projet est jeune et nous sommes au début des discussions avec les investisseurs, mais on constate qu’il y a un intérêt majeur pour la valeur ajoutée et l’utilité publique d’Explor Visit. Quand vous mettez le consommateur au centre de votre projet, les investisseurs suivent. Il faut les rassurer en étant solide et honnête sur nos prévisions et estimations. »

Lire l’article : « Comment convaincre un business angel de financer votre projet ? »
Lire l’article : « Crowfunding : réussir sa campagne de levée de fonds »

Ajuster son offre pour viser une clientèle nouvelle, repenser les chaînes d'approvisionnement en privilégiant le local, maîtriser ses coûts (au niveau des locaux par exemple, avec le coworking pour plus de flexibilité et des économies) : la stratégie doit être optimisée et créée en adéquation avec les nouvelles exigences (agilité, changements organisationnels, stratégie numérique, durabilité au cœur de la réflexion managériale et des valeurs de l’entreprise), et qui persisteront après la crise. Des atouts qui permettront de convaincre les investisseurs et de faciliter la communication avec ces derniers. 

Entreprendre pendant la crise économique, c’est possible

Agilité et adaptabilité semblent être les maîtres-mots pour les jeunes entrepreneurs. Selon Alexandre Lacaille à la tête de l’agence spécialisée dans l'investissement locatif clé en main, la préparation du projet est essentielle : « Il faut tester le marché le plus tôt possible. Je conseillerais de ne pas trop s’attarder sur les petits détails et d’aller chercher les clients le plus tôt possible pour trouver son marché. Je souhaitais que tout soit parfait avant de lancer ma société et j’ai perdu beaucoup de temps, notamment dans le développement du parcours client alors que je n’avais toujours pas de client. C’est ensuite, lorsque j’ai pu voir la réalité des opérations, que j’ai perfectionné le tout ». Guillaume Jacquemart partage cette opinion : « Il faut que le type de business que vous lancez soit adapté aux changements de mentalité liés à la période. Les jeunes entrepreneurs doivent se concentrer sur les nouveaux besoins des clients, les nouvelles technologies et intégrer la digitalisation directement dans leur business plan ».
Enfin, le risque ne doit pas dominer votre envie de lancer un projet : « Il faut se lancer, car il y a plusieurs solutions pour entreprendre. On peut se faire conseiller et se faire financer, en passant par un incubateur, en réalisant une levée de fonds, en optant pour un prêt garanti par l’État, etc. Pour ma part, j’ai lancé ma société avec très peu d’argent, seulement avec mon expertise, un ordinateur et un téléphone », témoigne Alexandre Lacaille. Et de conclure : « Et puis la crise économique n’est que passagère. Le bon moment, en réalité, c’est lorsqu’on se sent prêt ».

Lire le témoignage d’Herminie Lenoir : une entrepreneure qui a créé son entreprise pendant la crise et transformé la situation en opportunité

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